En Guinée, la question de l’entrepreneuriat des jeunes est souvent synonyme de défis et de parcours semés d’embûches. Beaucoup de jeunes, après leurs études supérieures, se lancent dans l’entrepreneuriat pour subvenir aux besoins de leur famille ou pour créer d’autres emplois. Cependant, certains se découragent rapidement en raison de la dureté du chemin et du manque de soutien de l’État ou des partenaires.
Ce n’est pas le cas de Joseph Maxim Bilivogui, Directeur exécutif de la Compagnie Guinéenne des Équipements (CGE S.A) et Président du Conseil d’Administration du groupe Everest Wolves S.A. Dans une interview accordée à notre rédaction ce jeudi, M. Joseph Maxim Bilivogui a partagé les raisons qui l’ont poussé à se lancer dans l’entrepreneuriat après ses études.
Bonjour M. Bilivogui, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Joseph Maxim Bilivogui, architecte de profession. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai été orienté à l’Institut Supérieur d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université Général Abdel Nasser de Conakry. Après mes études, j’ai décidé de me tourner vers l’entrepreneuriat en raison des difficultés rencontrées dans le monde du travail. Avec des amis, nous avons créé le groupe Everest, spécialisé à l’époque dans l’intermédiation dans le domaine du transport et le consulting. Nous avons commencé par offrir des formations de base et à agir comme intermédiaires entre les propriétaires de camions et les sociétés minières qui avaient besoin de ces véhicules.
Quelle est la mission principale de votre entreprise ?
La mission principale du groupe Everest est de devenir le premier conglomérat guinéen leader dans la prestation diversifiée. Aujourd’hui, le groupe compte huit entreprises entièrement créées et opérationnelles, chacune spécialisée dans un secteur spécifique. Par exemple, notre première filiale offre des solutions basiques dans le domaine de la logistique. Notre deuxième filiale, un cabinet de consulting, propose des solutions dans le domaine de la formation professionnelle. La troisième filiale, quant à elle, se concentre sur l’investissement, le financement et l’accompagnement des PME. Nous apportons des solutions pratiques et adaptées aux problèmes courants rencontrés par la population guinéenne.
L’entrepreneuriat est souvent lié à l’employabilité. Comment collaborez-vous avec l’État guinéen dans ce domaine ?
Notre rôle en tant que groupe est de contribuer au développement de l’économie nationale, non seulement en renforçant cette économie par la création de richesse, mais aussi en créant des emplois pour les jeunes. Actuellement, 100 % du personnel du groupe Everest est composé de jeunes âgés de 22 à 35 ans. Nous mettons beaucoup l’accent sur la jeunesse, car nous croyons que les jeunes, qui représentent environ 60 % de la population, sont appelés à diriger le pays demain. Il est donc essentiel pour nous de les intégrer dès maintenant dans le processus de développement.
Vous avez choisi l’entrepreneuriat alors que beaucoup de vos amis rêvent de partir en Europe ou aux États-Unis, ou encore de travailler dans les départements ministériels. Qu’est-ce qui vous a motivé à faire ce choix ?
Je suis devenu entrepreneur par nécessité. Après avoir été orienté à l’université, je n’avais pas suffisamment de moyens pour m’en sortir à Conakry en tant que jeune venant de N’Zérékoré. L’unique option était de trouver une activité à entreprendre. C’est dans cette optique que je me suis tourné vers l’entrepreneuriat avec des amis qui étaient confrontés aux mêmes défis. Nous avons alors décidé de créer notre première filiale dans le domaine de la logistique et du transport.
Vous avez récemment remporté un prix prestigieux en Côte d’Ivoire. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette distinction ?
Nous avons remporté le grand prix du meilleur manager africain à Yamoussoukro lors des Oscars Africains des Victoires du Développement, organisés par l’ONG Panaméricaine Afrique. Cet événement rassemble de nombreuses personnalités de l’économie africaine. Il vise à distinguer et reconnaître ceux qui ont apporté une contribution significative dans leur domaine spécifique. Nous avons remporté ce prix en raison de notre capacité managériale à construire des entreprises autonomes et durables, et à être un modèle pour la jeunesse, en particulier pour le développement de l’économie africaine.
Quel est votre sentiment après avoir reçu ce prix ?
Je ressens une grande satisfaction. Ce prix montre que nous avons parcouru un long chemin, même s’il reste encore beaucoup à faire. Cela rappelle l’importance de l’abnégation, du courage, de la détermination et de la transparence dont nous avons fait preuve dans le développement de nos différentes institutions.
L’entrepreneuriat en Guinée est souvent semé d’embûches. Quel est votre secret pour réussir dans ce domaine ?
Il n’y a pas de secret magique pour réussir dans l’entrepreneuriat. Il faut plutôt parler d’aptitudes à mettre en pratique. La première est de croire au travail. Il est essentiel de s’affirmer par le travail, surtout au début, lorsque vous êtes seul, sans financement ni partenaires. Ensuite, il faut s’entourer d’une équipe compétente et ambitieuse. Le réseau est également crucial pour grandir dans l’entrepreneuriat, surtout en Afrique. Il est important de créer des relations, d’être ouvert, et de participer à des panels et colloques pour se connecter avec de nouveaux partenaires. Enfin, l’abnégation, la discipline et les sacrifices sont indispensables pour réussir.
Quel est votre message aux jeunes entrepreneurs qui se découragent ?
Je leur dirais que l’échec fait partie de l’aventure entrepreneuriale. Il ne faut pas voir l’entrepreneuriat comme une destination finale, mais comme un parcours sans limite. Le chemin est long et semé d’embûches, mais il faut persévérer et continuer d’agir pour surmonter les échecs. C’est la seule solution.
Quelles sont les perspectives pour votre entreprise ?
Notre vision est de devenir le premier conglomérat guinéen dans la prestation diversifiée. Nous travaillons d’arrache-pied pour construire ce groupe en Guinée, avec l’ambition de devenir un acteur majeur non seulement pour la Guinée, mais aussi pour l’économie africaine. Nous souhaitons que nos solutions atteignent tous les horizons de l’Afrique.
Entretien réalisé par Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org