Le système éducatif guinéen, déjà marqué par des problèmes au niveau de l’enseignement pré-universitaire et supérieur, ne semble pas épargner l’enseignement technique. Selon Frédéric Doré, un ancien enseignant contractuel dans ce secteur, la situation dans les écoles techniques de Guinée présente des défis de taille. Lors d’une interview exclusive accordée à notre rédaction ce lundi 30 décembre 2024, il a dénoncé des pratiques obscures et a appelé l’attention du président de la transition sur les graves dysfonctionnements au sein du ministère de l’Enseignement technique.
Frédéric Doré a souligné que le ministère de l’Enseignement technique a exprimé, avant l’organisation des concours, le besoin de 1 971 enseignants. Cependant, après les concours, sur les 1 971 enseignants demandés, seulement 1 038 ont été admis, soit un taux d’admission de 80 %. Parmi les 557 enseignants contractuels en situation de classe avant le concours, seuls 337 ont été retenus, laissant 220 enseignants sans statut et sans rémunération.
« Nous avons introduit une demande d’audience auprès de Madame la Ministre pour expliquer les véritables raisons de cette non-admission. Par exemple, un enseignant spécialisé en transmission à l’École nationale de postes et télécommunications a été évalué en sociologie, ce qui est absurde. Il est évident qu’un tel enseignant ne pouvait pas réussir le concours », a dénoncé Doré. Selon lui, ce genre d’évaluation mal orientée a conduit à un taux d’échec élevé parmi les enseignants contractuels, qui sont pourtant en situation de classe depuis longtemps.
Notre interlocuteur a également révélé que de nombreux enseignants contractuels, qui assurent les cours dans les écoles techniques à travers tout le pays, sont non seulement non admis au concours, mais aussi laissés sans rémunération. « Nous nous battons aujourd’hui pour que ces 220 enseignants, qui sont déjà dans les salles de classe, soient enfin reconnus et intégrés dans la fonction publique », a-t-il ajouté. Doré a également organisé une conférence à Faranah, où il a rencontré des enseignants contractuels qui ont partagé leurs frustrations.
Le combat pour la régularisation de la situation des enseignants contractuels se poursuit. Doré a insisté sur l’urgence d’une solution : « Le besoin reste énorme. Sur les 1 971 enseignants nécessaires, il manque encore 933 postes. Il est crucial que le ministère organise un nouveau concours ou qu’il régularise la situation des 220 contractuels non admis pour garantir le bon fonctionnement des écoles », a-t-il précisé.
L’enseignant contractuel a conclu en soulignant que la situation dans les écoles techniques guinéennes est désastreuse : « Aujourd’hui, il y a un dysfonctionnement total et réel dans ces écoles. Si le ministère ne régularise pas la situation des enseignants contractuels, il sera très difficile d’assurer le bon fonctionnement de ces écoles », a-t-il averti.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org