Le Collectif des enseignants chercheurs et chercheurs engagés non reclassés a animé ce samedi à Conakry une conférence de presse sur le thème : « La situation discriminatoire dont les enseignants chercheurs et chercheurs engagés non-reclassés des institutions d’enseignement supérieur, des IRS, et CDI du MESR sont confrontés. »
Cette rencontre a permis à ces enseignants, au nombre de 800, de mettre en lumière les injustices et magouilles dont ils sont victimes de la part du MERSI.
Prenant la parole au nom de ces enseignants, le porte-parole du collectif, M. Daouda Anssoumane Camara, a décrit la situation difficile qu’ils traversent : « Les enseignants-chercheurs et chercheurs engagés non-reclassés des institutions d’enseignement supérieur, des institutions de recherche scientifique et des centres de documentation et d’information du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation veulent non seulement dénoncer l’injustice et les magouilles, mais aussi décrire l’ensemble des maux dont ils souffrent ces dernières années, en particulier ces trois derniers mois (mars à mai 2024). Il s’agit de mettre en lumière, à travers cette conférence de presse, la situation discriminatoire dont ils sont victimes et de solliciter auprès des autorités supérieures, en particulier le Président de la Transition, le rétablissement de tous les concernés dans leurs droits. »
Il a ajouté : « La présente conférence porte essentiellement sur le collectif et sa plateforme revendicative ; l’analyse et l’interprétation de l’arrêté 2019, du protocole d’accord du 20 juillet 2023, du décret du 24 janvier 2024 du Président de la transition et de l’arrêté 108 du MESRSI du 9 février 2024 ; les conséquences de la non-application des textes légaux sur la qualification et la transformation de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation ; perspectives et recommandations. En termes de revendications, nous vivons et traversons assez de difficultés ces trois derniers mois, suite à la non-application des textes légaux : le protocole d’accord, signé entre le Gouvernement et le Syndicat National Autonome de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique (SNAESURS), en date du 20 juillet 2023, en son point 8 portant sur la promotion des enseignants-chercheurs aux grades académiques par les deux voies de reclassement et le reclassement des enseignants ayant le diplôme de master. Les deux parties se sont convenues que le premier palier (assistant) se fera par voie nationale et que les autres se feront par la voie du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES). »
M. Camara a regretté que : « Plus de trois mois après, nous n’avons obtenu ni reclassement ni prise en charge financière. Les raisons invoquées par les autorités du MESRSI s’appuient sur l’arrêté de 2019 pour s’opposer au reclassement de près de 800 enseignants-chercheurs détenteurs de master ou de diplômes jugés équivalents, alors qu’au même moment, en violation du même arrêté, on est en train de recruter des homologues détenteurs de licence pour la plupart. Nous voyons par là deux poids, deux mesures. Pire, alors qu’on nous oppose tout le temps l’arrêté de 2019, celui-ci a déjà été violé à travers le reclassement d’individus ne remplissant pas les conditions requises. »
Il a poursuivi en se demandant : « Qui sommes-nous alors ? Si nous n’avons pas le grade au bas de l’échelle du personnel des IES, IRS et CDI ; en ayant au minimum 7 ans de service dans l’enseignement supérieur, nous estimons qu’à tout égard, nous sommes assistants titulaires de cours, et c’est notre droit de bénéficier des avantages qui en découlent. »
Il a également souligné : « Les professeurs, maîtres de conférences, maîtres-assistants et assistants titulaires de doctorats, dans les institutions d’enseignement supérieur publiques, continuent à enseigner et à mener des activités alors qu’ils détiennent un master ou un diplôme jugé équivalent, voire une licence, en violation de la lettre et de l’esprit de cet arrêté. »
En conclusion, il a déclaré : « Vous aurez sans doute remarqué un manque de cohérence sur toute la ligne. C’est pourquoi tous les concernés espèrent que le MESRSI, à travers Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et les structures rattachées, se lèveront comme un seul homme pour corriger l’injustice dont ils sont victimes. »
En termes de recommandations, le collectif appelle : « Après plusieurs cris de cœur sans suite, nous appelons le MESRSI et son Ministre, Monsieur Alpha Bacar Barry, à résoudre la question d’intégration et de reclassement dans la Hiérarchie A2 des détenteurs de master ou équivalent conformément au décret du Président de la Transition du 24 janvier 2024. Nous souhaiterions désormais l’intervention de Son Excellence, Monsieur le Président de la République de Guinée, Président du CNRD, Chef de l’État, Commandant en Chef des Forces Armées, à travers le Ministère de l’Enseignement Supérieur, afin que les responsabilités soient situées d’une part, et d’autre part, que l’ensemble des concernés soient rétablis dans leurs droits. Entre autres : le reclassement des enseignants-chercheurs engagés non-reclassés au grade d’assistant/attaché de recherche au titre de l’année universitaire 2023-2024 conformément à l’article 8 du protocole d’accord signé entre le Gouvernement et le SNAESURS en date du 20 juillet 2023 ; l’intégration et la prise en charge des enseignants-chercheurs engagés non-reclassés conformément au décret D/2024/0027/PRG/CNRD/SGG en son article ; l’application effective du statut particulier pour tous les enseignants-chercheurs et chercheurs des IES, IRS et CDI sans exception et conformément aux diplômes ; l’effectivité du financement de la formation des formateurs : programme de 1000 Ph.D et de 5000 Masters ; la justice et l’équité entre les enseignants-chercheurs et chercheurs vis-à-vis du travail d’enseignant, de recherche et d’innovation effectué. »
Il a conclu en précisant que si rien n’est fait, les enseignants comptent boycotter la rentrée prochaine dans toutes les institutions d’enseignement supérieur public du pays.
À suivre…
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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