En prélude à la célébration de l’an 65 de l’accession de la Guinée à l’indépendance, la rédaction d’avenirguinee.org a réalisé un entretien exclusif mardi, 19 septembre, avec l’ex gouverneur de la région de Labé, Madifing Diané.
Témoin de l’histoire de la Guinée pour avoir vécu le premier régime du feu Ahmed Sékou Touré, il a abordé plusieurs sujets, entre autres les relations entre la Guinée et la France avant et après la date historique de 1984.
Dans un extrait de cet entretien que nous vous livrons, l’ex ministre regrette que la Guinée soit donnée selon lui dans un plateau d’argent à la France « qui est revenue avec l’idée de revengeance ».
« Je le dis avec conviction, la France n’aime pas les guinéens, c’est les ressources naturelles que la France et les autres occidentaux souhaitent avoir. Sékou Touré est mort en 1984, les dirigeants de l’époque ont offert la Guinée dans un plateau d’argent à la France. La France est revenue en 84 avec force, mais elle est revenue avec une idée de revengeange sur la Guinée. Il n’y a pas un seul ministère qui n’a pas eu son conseiller français, le président de la République (Feu Gl Lansana Conté) avait lui-même un conseiller.
Après le discours programme du 22 décembre 1958, tous les prestiges de la Guinée sur lesquelles nous nous reposions tant qu’à l’économie qu’à la vie sociale, ont été détruits. 358 unités industrielles faites sous le régime du PDG-RDA, elles ont toutes été abandonnées. Les plus illustres qui avaient eu déjà la capacité d’exporter leurs produits, on peut compter: l’imprimerie Patrice Lumumba, le Nigeria venait se ravitailler ici; la SoGUIFAB exportait ses produits, c’était des produits de luxe et de qualité; l’Usine des meubles de Sonfonia exportait; l’usine de thé Macenta exportait; l’Apiculture de Labé exportait son miel et l’Usine Sipar de parfum de Labé exportait. Je ne parle pas de l’huilerie de Mamou et de Kassa. J’ai dit 358 unités ont été jetées. Une usine de construction métallique était installée à Constantin, tout ça a été abandonné. La fierté qu’on avait, notre monnaie nationale Syli, on a jeté ça dehors. Elle a été remplacée en franc. Ils ont dévalué à 10%, alors que le syli était supérieur au franc CFA. Pire, les cadre sortis de nos universités tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, on été renvoyés de la fonction publique, tous ! Des cadres émérites sortis de l’université guinéenne ou des écoles étrangères ont été tous renvoyés. On nous a soumis à un programme de développement à leur goût. Le problème d’emploi qu’on a jamais connu s’est éclaté, on a jamais connu de problèmes d’emploi sous la première république. Ça été le gros risque qu’on a pris avec espoir, mais qui a amené à l’autodestruction. C’est pour cela que je dis que la France est revenue avec un esprit de revengeance ».
À suivre…
Ibrahim Sory Camara pour avenirguinee.org