Au cours d’une interview exclusive avec avenirguinee.org ce vendredi 12 janvier, Mamadou Cissé, auditeur et expert en finance, s’est exprimé sur les réformes audacieuses qu’il a entreprises depuis sa nomination en tant que Directeur Général de l’Autorité de Régulation du Secteur des Jeux et Pratiques Assimilées (ARSJPA) par le colonel Mamadi Doumbouya, président de la Transition.
En seulement six mois, M. Cissé et son équipe ont redéfini le paysage des jeux en Guinée, améliorant la régulation, augmentant les recettes de l’État et offrant une expérience améliorée et sécurisée aux parieurs.
A l’entame de sa prise de parole, le DG de l’ARSJPA a d’abord contextualisé la création de cette institution, soulignant par la suite la nécessité de séparer les rôles d’exploitation et de régulation dans le secteur des jeux en Guinée. Cette séparation, initiée dans le cadre des réformes du CNRD, a pour objectif de décongestionner les activités sectorielles au niveau de l’État et de renforcer la surveillance, la réglementation et l’organisation spécifique du secteur en pleine expansion et à haut risque.
« C’est une volonté politique du président de la République de faire la séparation des rôles entre l’exploitation et la régulation. Cela permet une décongestion des activités sectorielles au niveau de l’État. Cela permet un peu de soulager le gouvernement, dans la gestion et le contrôle d’un certain nombre de secteurs spécifiques comme le secteur des jeux qui obéit à une certaine surveillance, à une certaine réglementation et à une certaine organisation spécifique parce que c’est un secteur en plein expansion et à haut risque », dit-il.
La création de l’ARSJPA a été motivée par le constat que la LONAGUI, l’organe précédent en charge à la fois de l’administration, du contrôle et de l’exploitation des jeux, ne pouvait efficacement remplir ces rôles simultanément. Mamadou Cissé souligne également l’inefficacité du modèle précédent, où l’État ne tirait pas les revenus escomptés du secteur des jeux.
« Le deuxième constat était que l’Etat ne gagnait pas son compte. Quand on regarde le volume d’activité et les enjeux de ce secteur, les recettes engrangées pour l’Etat étaient très faibles. Donc, c’est un défi qui s’impose à nous aujourd’hui de faire ressortir la vraie valeur du secteur. L’autre élément est lié à la sécurité et sûreté dans le secteur. Qui parle de jeu d’argent, c’est beaucoup de risques. Nous, depuis qu’on est là en (6) six mois, nous avons fait la lutte contre des sites illégaux de jeu, nous en avons traduit devant les autorités judiciaires afin de les obliger à être fermées. Le manque à gagner à l’Etat était dû aussi á un manque de contrôle des chiffres dans le secteur parce que le système est au déclaratif ».
Ainsi, M. Cissé insiste sur la nécessité d’une réorganisation profonde et de solutions adaptées, avec un engagement particulier envers les parieurs.
« Le parieur est absent de la table, mais c’est lui qui fait tourner le système. Et depuis qu’on est là, nous avons plus d’une centaine de témoignages de parieurs qui n’arrivent pas à résoudre leurs problèmes quotidiens avec les sociétés de jeu. Ils viennent vers nous et nous devenons le vecteur de règlement de ces problèmes à l’instant T », indique le DG.
Selon lui, cette pression a conduit les sociétés de jeu à améliorer leurs services après-vente pour répondre aux besoins des parieurs. Ces changements s’inscrivent dans la vision plus large de l’ARSJPA pour un secteur des jeux plus transparent, éthique et soucieux du bien-être des parieurs.
« Nous travaillons en étroite collaboration avec le trésor public, pour que ce qui doit être payé soit payé à juste prix aussi. »
Sur le volet financier de son action à la tête de l’ARSJPA, Mamadou Cissé déclare que le constat initial était amer, avec une chute libre des recettes de 2019 à 2023, selon les chiffres fournis par le trésor. Cette situation l’a amené à entreprendre un contrôle rétroactif sur toutes les sociétés de jeu en ligne, identifiant des irrégularités et déclenchant la suspension récente de deux d’entre elles.
« Nous avons vu que les chiffres étaient croissants de 2019 à 2023. Mais, ça n’a jamais dépassé 40 milliards par an. En 2021 et 2022, il y a chute libre. Cela nous a interpellés. Nous avons dit que c’est bizarre que de 2021 à 2022, qu’on se retrouve en moitié de 2021. Cela nous a amené à faire un contrôle rétroactif sur toutes les sociétés de jeu en ligne. Et, vous avez remarqué que nous avions eu à faire la suspension de deux sociétés récemment, cela était dû à ce problème. Les sociétés ont compris et ont souscrit dans un accord transactionnel qui a fait que nous avons redressé la barre, des manques à gagner que nous avons pu répertorier a plus de 100 milliards. Malgré que notre système de monitoring ne soit pas encore effectif, nous avons utilisé d’autres méthodes pour pouvoir contrôler et cela nous a amené aujourd’hui à remettre l’Etat dans son droit ».
« Aujourd’hui, plus rien n’est comme avant. »
Plus loin, il démontre un redressement spectaculaire des finances de l’État grâce à des efforts soutenus pour réguler et optimiser le secteur des jeux.
» Pour preuve, en 2023, le fait d’avoir pris le service au mois de mai-juin, je n’ai pas encore les derniers chiffres de novembre et décembre, mais, nous allons tripler le montant de 2022. C’est-à-dire que nous allons pouvoir faire rentrer dans les caisses de l’Etat plus de 60 milliards quand on aura les derniers paiements de décembre. Cela, sans compter ce qui revient pour le fonctionnement de l’ARSJPA, sans compter ce qui est au niveau du fond de développement que nous avons mis en place. Plus le redressement que nous, cela veut dire qu’en six mois, nous avons plus de 500 pour cent par rapport à 2022. Jamais le secteur n’a fait ressortir ces chiffres-là. Les années antérieures l’Etat n’a jamais eu plus de 40 milliards. Notre travail a fait ressortir la vraie valeur du secteur. Aujourd’hui, nous savons que les parieurs guinéens en 2023 ont injecté dans le secteur des jeux, plus de 5000 milliards de fg. Cela veut dire que le secteur des jeux est un secteur très dynamique en Guinée ».
Mohamed Cissé pour avenirguinee.org
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