Dans le dessein de renforcer les capacités et les conditions de lutte contre la consommation de drogues et d’autres substances en République de Guinée, notamment au sein des établissements scolaires, les responsables de l’Institut Itinérant de Formation et de Prévention Intégrées contre la Drogue et les Conduites Addictives (IIFPIDCA) ont lancé, du 20 février au 10 mars 2023, une enquête dans les établissements scolaires publics et privés. L’objectif était d’évaluer la prévalence de la consommation de drogues et de substances psychoactives en milieu scolaire en Guinée. Au total, 4236 élèves âgés de 15 à 18 ans ont participé à cette étude.
Suite à cette enquête, menée en collaboration technique avec l’Office des Nations-Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), les responsables de l’IIFPIDCA ont présenté ce mercredi à Conakry, lors d’un atelier de validation, le rapport de l’enquête nationale sur la consommation de substances chez les élèves des écoles secondaires de Guinée.
Cet atelier a été présidé par le chef de cabinet du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, en présence des forces de l’ordre et de sécurité, des ONG, ainsi que des Directeurs Préfectoraux de l’Éducation des différentes communes de Conakry.
Dans son allocution, le Directeur Général de l’IIFPIDCA, Dr. Therno Bah, a souligné la nécessité de cette enquête, déclarant : « La drogue est un problème majeur de santé publique en Afrique et dans le monde. C’est dans cette optique que nous avons lancé cette enquête nationale sur la consommation de substances psychoactives en milieu scolaire. Aujourd’hui, nous disposons de données crédibles, travaillant en partenariat avec l’ONUDC. Nous avons constaté une prévalence de la consommation de Kush d’environ 0,9% sur l’ensemble du territoire national, ce qui constitue une préoccupation nationale, d’autant plus que l’année dernière, il y a eu plus de 31 décès », dit-il.
Il a également mis en évidence les résultats de l’enquête, précisant que celle-ci avait été menée dans 130 écoles publiques et privées à travers le pays, avec un échantillon de 4336 élèves enquêtés.
L’objectif de ce rapport national est de fournir une estimation de la prévalence de la consommation de drogues et de substances en milieu scolaire pré-universitaire, afin d’informer l’élaboration d’une politique nationale de réduction de la demande de drogues. Il vise également à renforcer les capacités du système éducatif en sensibilisant les enseignants et les étudiants aux dangers liés à la consommation de drogues.
En réponse, le représentant du ministère de l’Enseignement Pré-universitaire a salué cette initiative, indiquant l’importance cruciale de lutter contre la consommation de drogues en milieu scolaire pour préserver la paix et la stabilité sociopolitiques du pays.
» L’extension du réseau de commercialisation et de consommation de drogues est une menace sérieuse pour la paix et la stabilité sociopolitique de nombreux pays, y compris la République de Guinée. Aucune famille n’est à l’abri de la propagation de la consommation de drogue en Guinée. C’est pourquoi cette enquête sur la consommation de drogues intervient à point nommé afin d’obtenir des données qualitatives et quantitatives comparables à une épidémie. Au nom du ministère de l’Enseignement Pré-universitaire, je vous garantis que nous ne ménagerons aucun effort pour accompagner l’Institut (IIFPIDCA) dans sa mission de réduction de la demande de drogues dans notre pays. Soyez rassurés, car le ministère de l’Enseignement Pré-universitaire est plus que jamais déterminé à faire face à la montée de plus en plus inquiétante, notamment en milieu scolaire, » a-t-il exprimé.
La représentante du Système des Nations Unies en Guinée, Mme Mouna Eljaouhari, a exprimé la volonté du système de soutenir le gouvernement guinéen dans cette lutte, soulignant l’importance de renforcer les stratégies nationales de lutte contre la drogue.
» Le Système des Nations Unies en Guinée prévoit et considère la lutte contre la drogue, et plus particulièrement les piliers de prévention, répression et partenariat, comme une priorité. Toutefois, malgré les efforts déjà déployés par l’État, persistent des défis tels que le vol de drogues, l’élaboration de stratégies nationales multisectorielles de lutte contre la drogue et le renforcement du comité interministériel dédié à cet effet. Le Système des Nations Unies se tient aux côtés du gouvernement guinéen et de l’Institut IIFPIDCA pour un accompagnement technique, tout en plaidant pour que d’autres partenaires contribuent également à ce partenariat et à ce renforcement des capacités ».
En conclusion, le représentant du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et de l’Innovation a souligné l’importance des statistiques présentées et a réaffirmé l’engagement du gouvernement à combattre la consommation de drogues, tout en appelant à une collaboration renforcée avec les partenaires nationaux et internationaux dans ce domaine.
« Vous comprendrez qu’à notre jeu universitaire, il était également important pour nous d’avoir ces statistiques qui viennent d’être présentées, et qui nous interpellent. Les activités coordonnées et traitées de manière responsable méritent notre reconnaissance, et nous exprimons notre gratitude envers les cadres de cette institution.
La consommation de ces substances et les troubles liés à la consommation de drogues constituent aujourd’hui un problème majeur de santé publique, de développement et de sécurité partout dans le monde. Cette problématique n’est pas propre à la Guinée uniquement ; elle est régionale, sous-régionale et internationale. Au niveau de la Guinée, il est de notre responsabilité de combiner nos efforts et de ne ménager aucun effort en décentralisant les activités auprès de nos partenaires, afin d’en faire une priorité effective.
Il est essentiel de mettre en place des programmes adéquats pour assurer un équilibre approprié entre la prévention primaire, qui relève du domaine de l’éducation, et la prévention secondaire, qui concerne le traitement et relève du domaine de la santé. C’est pourquoi je me réjouis de voir la direction générale de l’Enseignement Supérieur représentée par le Professeur Therno Souleymanne Barry, qui travaille sur la réforme du programme. En 2024, il est nécessaire d’intégrer toutes ces problématiques à travers les cursus que nous sommes en train de réaliser pour les différents programmes.
Enfin, ce programme de renforcement des capacités dans le domaine du traitement des troubles liés à l’usage de substances devrait être élaboré en tenant compte de tous les facteurs qui conduisent à la consommation de ces substances ».
À noter que cette étude menée par l’IIFPIDCA montre clairement que la consommation de substances psychoactives est en constante évolution dans le monde et en Guinée. Les jeunes, en particulier les élèves âgés de 15 à 18 ans, sont des catégories très touchées. Par ailleurs, en plus de la drogue, on observe la consommation de produits pharmaceutiques non prescrits tels que le tramadol, sans oublier les effets que cela pourrait occasionner, comme l’accentuation de la violence au sein de la communauté.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org