Depuis plusieurs mois, la machine de dissolution des conseils communaux est allumée par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya. A l’heure où cet article est mis en ligne, plus de 30 conseils communaux ont été dissous et remplacés par les délégations spéciales. Les conseillers de ces communes sont accusés de détournement de fonds destinés aux collectivités locales.
Alors que la démarche est critiquée par des politiques, à la Maison des Associations et ONGs de Guinée (MAOG), elle est plutôt approuvée. La plateforme de la société soutient l’idée de dissolution si les accusations sont avérées.
Dans un entretien qu’il a accordé à la rédaction d’avenirguinee.org, le coordinateur par intérim de la MAOG a fait sa lecture en ces termes : « Les conseils communaux, à mon avis, sont des élus à la base, donc qui ont pour mission de tenir compte des préoccupations des populations locales. Cependant, il y a d’autres qui sont détournés de leurs objectifs. Et, c’est pourquoi d’ailleurs avec l’arrivée du CNRD au pouvoir, une enquête a été mise en place pour évaluer la performance de ces communes rurales et urbaines. Il se trouve qu’il y a certaines communes qui sont dans les mailles de la justice pour des questions de malversations financières. Le constat est global », dit Alpha Bayo.
Poursuivant, il dresse un constat peu reluisant dans ces quelques communes du pays qu’il a pu visiter.
« Récemment, quand nous étions dans la commune urbaine de Boké, nous avons fait le tour de la ville, nous nous sommes rendus compte que malgré les richesses de cette région, la population est en train de tirer le diable par la queue. Après, nous nous sommes interrogés, il est plus facile de mettre en place le conseil communal de Matoto Matam que le conseil communal de la ville de Boké. C’est un véritable enjeu majeur. Parce que chacun se dit quoi ? Une fois à la tête de cette commune, il y a plus de 14 sociétés minières qui circulent, du coup ça va. Je peux intimider, je peux recevoir de l’argent. Tout ce qui est orienté vers le développement, une seule personne ou un groupe de personnes peut empêcher cela, ce qui est grave ».
Pour l’acteur de la société civile, si les faits de détournement sont basés sur des preuves irréfutables, il est bien pour les autorités d’écarter ces conseillers communaux de la gestion des localités.
« Donc, je pense que la dissolution, s’ils s’avèrent vrai que ces conseillers communaux se sont détournés de leurs objectifs, si les preuves sont là, rien ne sert de les garder. Et même, au-delà de ces conseillers, il faut étendre cette politique à tous les gouvernants de ce pays. Tous ceux qui détiennent une petite partie de la gouvernance doivent s’inscrire dans la logique de défendre les intérêts de la population. Donc, je crois que la dissolution est vraiment quelque chose que nous apprécions au niveau de la MAOG. Maintenant, les délégations spéciales qui seront là, il faut que ça soit clair, ce sont des délégations qui vont venir s’occuper des affaires courantes jusqu’à l’organisation des élections. Donc, leurs rôles ne sont rien de politique », estime notre interlocuteur.
Concluant ses propos, l’actuel responsable de la MAOG a lancé un appel à l’endroit de la population : « L’appel que je lance à la population, c’est d’accepter les délégations spéciales qui seront installées ; en même temps à avoir un regard sur la gouvernance de ces délégations spéciales. Parce qu’il y’a le principe de redevabilité et ces principes qui voudraient dire que la population à la base a tout le droit de demander à la mairie comment est- ce que vous avez géré les fonds ? Et combien vous avez comme recette ? ».
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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