À l’approche de chaque fin d’année, la tradition veut que le président en exercice s’adresse à son peuple pour exprimer sa vision et ses intentions pour la gestion du pays. Le 31 décembre dernier, le colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition en Guinée, a prononcé son discours annuel.
Dans une interview accordée à notre rédaction le 2 janvier 2024, Alpha Bayo, coordonnateur national par intérim de la MAOG, a partagé ses réflexions sur cette allocution présidentielle, mettant en lumière des points qui ont suscité des préoccupations.
Le coordinateur national par intérim de la MAOG commence par reconnaître des éléments positifs dans le discours présidentiel, en particulier l’annonce de la mise en place des délégations spéciales dans les communes et l’intention d’adopter une nouvelle constitution par le biais d’un référendum. Cependant, il soulève des préoccupations quant à la faisabilité de ces annonces, mettant en doute l’application concrète de la nouvelle constitution.
« Du point de vue du contenu, il y avait des éléments qui ont attiré notre attention. Il s’agit de la mise en place dès le 1er trimestre des délégations spéciales dans les communes et de l’adoption ou de l’élaboration de la nouvelle constitution. »
L’accent est mis sur l’importance du Recensement à vocation d’État Civil (RAVEC) pour établir un fichier électoral. Alpha Bayo exprime des réserves quant à la priorisation du référendum constitutionnel avant la réalisation du RAVEC, considérant ce dernier comme un préalable indispensable pour des élections démocratiques.
« Maintenant, quand nous prenons la nouvelle constitution, dans un premier temps, il faut dire que c’est une bonne annonce, sauf que l’application ça nous fait beaucoup de doute. »
Plus loin, il insiste sur le fait que le retour à l’ordre constitutionnel ne devrait pas être une priorité pour le CNRD. De même, l’activiste de la société civile critique l’absence d’une déclaration claire du CNRD sur l’année 2024 en tant qu’année électorale, intégrant un référendum constitutionnel, des élections législatives, communales, communautaires, et présidentielle pour concrétiser le retour à l’ordre constitutionnel.
« Donc pour nous, le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas une priorité aujourd’hui pour le CNRD. On aurait entendu que le CNRD déclare l’année 2024 comme une année électorale en République de Guinée, référendum constitutionnel, l’élection législative, communales et communautaires, plus élection présidentielle pour le retour à l’ordre constitutionnel. Donc, de façon globale, nous pensons que le CNRD n’a aucune volonté pour le retour à l’ordre constitutionnel, du moins en 2024. »
Alpha Bayo par la suite souligne que le compte à rebours pour la fin du mandat du CNRD a commencé le 1er janvier 2024. Il exprime l’attente partagée par beaucoup, à savoir la nécessité de voir un nouveau président légitimement élu en République de Guinée d’ici le 1er janvier 2024.
»Le compte à rebours a commencé hier, le 1er janvier 2024. Alors aujourd’hui, nous sommes le 02 janvier, à 365 jours de la fin de mandat du CNRD parce que le CNRD a pris un engagement le 05 septembre. Mais malheureusement, ce n’est pas ce que nous voyons aujourd’hui. Donc, nous nous attendons le 1er janvier 2024 à voir un nouveau président légitimement élu en République de Guinée, c’est notre préoccupation majeure. »
Les interrogations soulevées par le coordinateur de la MAOG reflètent les attentes et les inquiétudes de nombreux citoyens guinéens quant à l’avenir politique de leur pays.
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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