Le colonel Mamadi Doumbouya a pris part à la 78eme session des Nations-Unies, tenue cette semaine aux États-Unis, d’où il a tenu un discours qui a retenu les attentions. Depuis, chacun y va de son commentaire. Si d’autres estiment que le colonel n’a pas été à la hauteur, Hamidou Barry, président du PCDIC et de L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), quant lui, apprécie le discours de façon générale, tout en signalant quelques manquements à son niveau. Il l’a fait savoir à travers un entretien réalisé samedi, 23 septembre 2023, avec un reporter d’avenirguinee.org.
D’entrée, « il faut s’en félicité de l’arrivée du colonel à cette tribune pour donner la position de notre pays par rapport à l’évolution du monde singulièrement au niveau de vie et des préoccupations des populations guinéennes. Cela est à féliciter par endroit. De l’autre côté, à cette tribune, il y a eu des hauts et des bas. Certes de manière générale je m’en félicite par rapport à l’idéal du discours qui rime avec un esprit de patriotisme et de panafricanisme », dit-il.
Ajoutant par la suite: » pour moi, il y a un pan qui a manqué au rendez-vous dans le discours du colonel. Parce que de mon point de vue, il aurait accepter d’ouvrir une parenthèse par rapport au délai de retour à l’ordre constitutionnel de notre pays. J’estime que cela n’est que partie remise, parce que nous savons à chaque fois qu’un chef d’Etat parle, il parle pour un auditoire qui veut tout entendre pour tirer des leçons. De manière responsable et conséquente, je lui demanderai personnellement que désormais, lorsqu’il a l’occasion de prendre au public qu’il accepte de se prononcer sur cet angle pour mieux édifier les guinéens. Parce que nous sommes déjà à 8 mois des 24 mois prévus. Et, les acteurs politiques que nous sommes ne sont pas imprégnés par rapport au niveau d’avancement du chronogramme, ça c’est très important pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel », a signalé Hamidou Barry.
Un manquement qui, selon ce jeune acteur politique, n’est pas la faute au président Doumbouya mais plutôt de son entourage.
« (…) Je pense qu’à un moment donné, quand un président parle, les engagements les plus solennels méritent d’être rappelés à chaque fois pour savoir à quel niveau nous sommes. Mais, la faute ne vient pas du colonel, plutôt de ses conseillers qui ont rédigé son discours, ils sont en grande partie responsables « .
Sur un pan du discours du président de la transition guinéenne à la tribune des Nations-Unies, il a dit que » les coups d’Etat, s’ils se sont multipliés ces dernières années en Afrique, c’est bien parce qu’il y a de raisons très profondes. Et pour traiter le mal, il faut s’intéresser aux causes racines. Le putschiste n’est pas seulement celui qui prend les armes pour renverser un régime. Je souhaite que l’on retienne bien que les vrais putschistes, les plus nombreux, qui ne font l’objet d’aucune condamnation, c’est aussi ceux qui manigancent, qui utilisent la fourberie, qui trichent pour manipuler les textes de la constitution afin de se maintenir éternellement au pouvoir. C’est ceux en col blanc qui modifient les règles du jeu pendant la partie pour conserver les rênes du pays. Voilà les putschistes les plus nombreux… ». Sur ce passage du colonel Mamadi Doumbouya, le président de l’ANC pense que, « de la même manière qu’il faut condamner l’élite civil qui continue à conserver le pouvoir contre le gré du peuple, c’est de la même manière qu’il faut rappeler et interpeller à l’ordre les forces de défense et de sécurité qui continuent à aider ces civils à malmener cette population civile », répond t-il.
Après la communication du colosse du palais Mohamed 5, des mouvements anti et pro ont été constatés à New-York.
Sans langue de bois, Hamidou Barry s’est opposé à cette manifestation. Pour lui, « cette manifestation est vraiment regrettable. C’est une autre mauvaise image que nous avons donnée au monde entier, honnêtement je regrette cela. Il faudrait qu’à un moment donné que nous les acteurs politiques sachions faire raison garder afin de privilégier l’intérêt général. Ça ne sert à rien aujourd’hui d’être opposé à tout. Au moins en s’opposant il faut offrir le meilleur », a t-il martelé.
Concluant, Hamidou Barry laisse en entendre qu’il est très important que les partis politiques jusque-là réticents, viennent autour de la table pour dialoguer.
« La politique c’est la logique du débat contradictoire et du meilleur argument sur la table. C’est pourquoi d’ailleurs qu’il faut que nos amis qui s’opposent acceptent de venir afin que les véritables questions qui méritent d’être posées soient posées et qu’on trouve des meilleures réponses pour avancer. Ceux qui continuent à monter leurs muscles à l’Etat, je crois que cela ne sert à rien. À un moment donné, il faut privilégier l’intérêt supérieur de notre pays en travaillant pour sortir ce pays de ce carcan de violence », a t-il souhaité.
Abdoul Karim Touré pour avenirguinee.org
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