Peut-on constater une différence entre le colonel Mamadi Doumbouya vu à la télévision nationale par les guinéens le 05 septembre et celui d’aujourd’hui ? Les premiers discours sont-ils liés à ceux d’aujourd’hui ? La démarche du CNRD est-elle bonne et rassurante ? Ces questions, intéressantes, poussent la rédaction d’avenirguinee.org à donner la parole aux hommes politiques, activistes de la société civile et citoyens appartenant à la majorité silencieuse.
Ce mercredi, c’était le tour de Thierno Yaya Diallo de s’exprimer sur la démarche du CNRD. Nous l’avons interrogé au siège de son parti sis à simanbossiyah, dans la commune de Ratoma.
Pour nous, la prise du pouvoir du 05 septembre par le CNRD était salutaire. C’était quelque part une continuation du travail ; un achèvement du travail que les acteurs politiques avaient commencé et étaient en train de mener sur le terrain depuis plusieurs années.
Au prime abord, il est revenu sur le putsch du 05 septembre.
« Comme vous le savez, ‘’Guinée Moderne’’ est l’un des partis politiques qui ont salué la prise du pouvoir par le CNRD le 05 septembre. Parce que nous avons, pendant ces derniers temps, contribué à empêcher la crise constitutionnelle que le régime d’Alpha condé était en train de faire subir à la population. Faute d’un plan politique cohérent qui allait développer le pays et avec son ambition de vouloir continuer pour un troisième mandat qui était illégal. Nous étions engagés à empêcher cela. Nous avions travaillé avec le FNDC dans le cadre de conscientiser ce gouvernement et de le rappeler de la constitution et de sa responsabilité. Après, nous nous sommes engagés autour de l’ANAD aussi pour aller à des élections afin d’empêcher M. Alpha Condé de briguer un troisième mandat.
Pour nous, la prise du pouvoir du 05 septembre par le CNRD était salutaire. C’était quelque part une continuation du travail ; un achèvement du travail que les acteurs politiques avaient commencé et étaient en train de mener sur le terrain depuis plusieurs années. Il a fait que nous donnions raison tardivement. Ils (CNRD) auraient pu faire un peu plus tôt mais, on se réjouit du fait qu’ils se sont engagés à nous aider à enlever l’injustice », dit le leader de ‘’Guinée Moderne’’.
Sur la démarche du CNRD, Thierno Yaya indique que les actions sont à la positives et négatives
« Certaines de ses actions sont salutaires. Dans notre mémorandum au CNRD, nous leur avions demandé de mettre en place une cour de justice pour des crimes économiques et les crimes de sang. Aussi, de mettre le CNT en place qui faisait partie de leur charte malgré qu’elle n’a pas été consultative. La réforme de l’armée, c’est quelque chose que nous saluons et je pense que la Guinée en avait besoin », apprécie-t-il.
Aujourd’hui le bilan, malgré qu’il y a des actions très positives, il faut reconnaître aussi qu’il y a des manquements
Par contre, « ce que nous déplorons dans la démarche du CNRD, c’est le manque d’un cadre de dialogue qui va nous permettre d’engager vraiment le processus de transition. Mais aussi un chronogramme qui indiquera exactement quand-est-ce les élections vont avoir lieu et quel est le processus de cette transition. A chaque étape qu’est-ce qui doit être fait ? Quelle est la contribution des acteurs de la société civile, des forces vives, des partis politiques afin que cette transition réussisse ?
Pour moi, aujourd’hui le bilan, malgré qu’il y a des actions très positives, il faut reconnaître aussi qu’il y a des manquements qui sont : le manque d’un cadre de dialogue avec la classe politique, le manque de consultation avec la classe politique ; ne pas avoir les acteurs politiques participer, aider et soutenir les actions du CNRD pour qu’il réussisse. C’est vraiment une opportunité que nous sommes en train de perdre. Mais aussi le manque de visibilité dans cette gouvernance, c’est aussi un défi.
Le fait que le gouvernement s’engage aujourd’hui à travailler pour le développement, je pense que cela n’est pas de leur ressort. Le ressort de travailler pour le développement revient à un gouvernement légitime parce que c’est un travail qui prend du temps. Aussi, nous observons des activités populistes qui sont en train de prendre forme, et pour moi le populisme n’est pas le ressort d’un gouvernement de transition. Leur rôle, c’est de vraiment amener la Guinée et transformer son histoire politique », a martelé Thierno Yaya Diallo.
De son côté, le directeur de la communication de GM a, quant à lui, déploré l’immixtion du CNRD dans les affaires juridiques.
« Nous déplorons l’immixtion du CNRD au niveau de l’appareil judiciaire du pays. Il faut qu’il laisse la justice faire son travail. Également, inviter le chef de l’Etat-major à rester sur ses fonctions ».
Pour Babagalé Bah, secrétaire administratif du parti, l’homme fort du 05 septembre est entouré par la « partie toxique du RPG ».
« C’était le même colonel Doumbouya jusqu’au jour où il a commencé à nommer son gouvernement. Après la composition de son gouvernement, c’est là que toutes ces pagailles ont commencé. On a l’impression de faire croire que le colonel Mamadi Doumbouya s’est fait prendre par la partie toxique du RPG. C’est-à-dire le système qui avait pris Alpha Condé en otage et qui l’empêchait de réaliser son projet et son combat qu’il a mené pendant plus de 40 ans dans l’opposition. C’est ce même système aujourd’hui qui a pris le colonel et le CNRD en otage ».
Abdoul Karim Touré pour avenirguinee.org
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