Les figures emblématiques du monde des affaires guinéen, Antonio Souaré et Kerfalla Person Camara (KPC), suscitent aujourd’hui l’attention pour leur implication inattendue dans le soutien au président de la transition, le Gl Mamadi Doumbouya. Longtemps éloignés des dynamiques politiques, ces deux hommes, autrefois perçus comme neutres, sont devenus des mobilisateurs influents.
Récemment, KPC a reçu un groupe de jeunes issus de la Casse, une zone populaire de Conakry. Lors de cette rencontre, il a publiquement exprimé son soutien au Gl Mamadi Doumbouya. Cet engagement marqué a surpris plus d’un, d’autant plus que KPC a toujours cultivé une image d’homme d’affaires strictement concentré sur ses projets économiques et sociaux.
De son côté, Antonio Souaré séjourne actuellement à Dinguiraye, où il préside un tournoi de football doté du trophée Gl Mamadi Doumbouya. Cette initiative, qui mêle sport et politique, souligne l’implication croissante de l’homme d’affaires dans les dynamiques de la transition. Cependant, son soutien au régime soulève des interrogations, notamment en raison des tensions passées entre lui et les autorités de la transition. Pour rappel, à l’arrivée au pouvoir du CNRD, Antonio Souaré avait été confronté à des difficultés majeures, notamment le retrait de son entreprise phare, Guinée Games, qui avait dominé le secteur des jeux de hasard dans le pays.
Ces prises de position posent une question centrale : Antonio Souaré et KPC soutiennent-ils le Gl Doumbouya par véritable conviction ou par contrainte ? Dans un pays où les relations avec le pouvoir en place déterminent souvent l’accès aux opportunités économiques, le doute est permis. Nombre d’observateurs estiment que ces soutiens publics pourraient être motivés par la nécessité de préserver leurs intérêts dans un contexte où la neutralité peut être interprétée comme une opposition au régime.
Leur engagement soulève également des interrogations sur l’image qu’ils projettent. En se positionnant de manière aussi visible, ces hommes d’affaires autrefois respectés pour leur réserve politique risquent de polariser l’opinion. D’un côté, ils apparaissent comme des patriotes soutenant la stabilité et la transition. De l’autre, certains y voient une forme d’opportunisme dictée par la crainte de représailles économiques ou politiques.
Dans une Guinée où le climat politique influence fortement les trajectoires professionnelles, l’engagement de figures économiques de premier plan comme Antonio Souaré et KPC reflète la complexité des relations entre pouvoir et affaires. Ce virage soulève des enjeux de transparence et d’indépendance, tout en alimentant le débat sur la place des hommes d’affaires dans la sphère politique.
Mohamed Cissé pour avenirguinee.org