À peine réélu pour un troisième mandat, le président du Gabon, Oumar Bongo a été renversé par un groupe de militaires qui ont annoncé à la télévision nationale avoir pris le pouvoir. Un coup d’État qui vient s’ajouter aux nombreux autres survenus dans des pays de l’Afrique de l’ouest.
Interrogé sur ce sujet, le président de l’UDRG, Bah Oury s’est exprimé à propos. D’entrée, l’homme politique laisse entendre que : » pour le moment, attendons pour ne pas avoir des conclusions hâtives à l’issue de ce coup d’État », dit-il.
Par contre, poursuit-il, l’ex ministre regrette que » dans le fond, les élites africaines soient responsables de la situation. Les élites africaines ne sont pas du tout en conformité avec les intérêts des peuples africains. Il y a beaucoup de corruption, les gens sont prêts à n’importe quoi pour confisquer le pouvoir. Si on aime son pays, si on aime sa population, on doit agir en conformité avec les intérêts de la majorité du peuple. Mais, malheureusement, cette volonté de rester et dire sans moi personne ne dirige, c’est cela qui dirige la mentalité de beaucoup de nos élites », indique Bah Oury.
Le leader politique, qui, visiblement, n’est pas surpris de cet énième coup d’État en Afrique, persiste que » l’Afrique a besoin de profonds changements. Les conférences nationales qui avaient eu lieu au début des années 90, qui ont mis de côté les partis-États, les partis uniques, n’ont pas pu, après plus de 30 ans, favoriser l’émergence et l’enracinement de la démocratie avec des institutions crédibles sur le continent. Donc, nous assistons à des remises en cause par des biais liés à l’organisations des élections qui est purement une parodie, ou bien le processus constitutionnel limitant les mandats est foulé au pied par des changements anticonstitutionnels, ou des fois des guerres civiles, des mouvements djihadistes ou terroristes un peu partout, des conflits communautaires inter-ethniques, des changements climatiques. Nous sommes dans un profond bouleversement qui mérite qu’on n’y réfléchisse et qu’on se pose des bonnes questions ».
Et de conclure, Bah Oury rappelle les raisons de la multiplication de la prise du pouvoir par des armes ces derniers temps. » Les institutions sont trop fragiles, des pouvoirs parfois font des discours qui ne reflètent pas le désir de changement, de la prise en compte de la pauvreté, d’une nouvelle génération qui aspire à la modernité, à avoir un enseignement de qualité, de l’emploi et au respect, c’est tout cela qui fait que nos jeunes sont parfois attirés à se suscider, à aller dans la mer… ».
Fodé Camara pour avenirguinee.org