Dans le cadre de la lutte contre les violences sexuelles en Guinée, le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée, a lancé ce vendredi à Conakry, les travaux de la 2ème édition du Forum de la Jeune Fille Guinéenne ( FJFG) sur thème « Violence sexuelles en Guinée, qu’elles issues « ? Cette rencontre a regroupé plusieurs acteurs nationaux et internationaux évoluant dans la défense de droit des filles et femmes en Guinée.
C’est la Ministre de l’action sociale et des personnes vulnérables qui a présidé la cérémonie d’ouverture.
Dans son intervention, la directrice exécutive du club des jeunes filles leaders de Guinée, Kadiatou Konaté a rappelé le motif de cette rencontre.
» Ce matin, on a procédé au lancement de la 2ème édition du forum de la jeune fille guinéenne avec des jeunes filles qui sont venues de partout à travers le pays et des partenaires avec lesquels, nous travaillons pour parler de la jeune fille ; pour parler des questions de violences sexuelles ces derniers temps qui prennent énormément d’ampleur en Guinée. Tous les grands événements organisés pour les filles étaient organisés par les aînées, les grandes dames. Et pourquoi ne pas faire pour que les filles soient elles-mêmes porteuses de leurs propres messages ? C’est pour cela qu’on a pensé à mettre en place un évènement pour les filles et par les filles, porté par les filles. Parce que c’est important de le dire, autant elles portent leurs voix, autant elles s’organisent, elles se donnent les moyens pour atteindre leurs objectifs partout et à tout moment. C’est pour cela que l’idée du forum est venue avec la première équipe et là on continue les actions et même après notre équipe ça va continuer. Parce que ce forum c’est pour les jeunes filles de la Guinée pour qu’elle puisse passer leurs messages ».
Poursuivant, elle a souligné également les attentes liées à cette rencontre qui, selon elle, permet aux acteurs de renforcer leurs activités sur la question de protection sociale.
» En ce qui concerne les attentes de ce forum, c’est amener les gouvernants à renforcer leurs activités sur les questions de protection sociale. C’est bien qu’on priorise d’autres activités mais la protection des filles passe par tous les moyens. Il faut qu’on se donne les moyens pour y arriver. Ce n’est pas l’affaire seulement d’un Ministère, c’est une affaire de tous. Le second aspect, c’est de faire en sorte que les jeunes filles puissent avoir énormément d’information » .
Prenant la parole au nom du président du CNT, Professeur Hassani Bah, un acteur de la chaîne pénale, a félicité cette structure pour l’organisation et le travail effectué sur le terrain.
» Ce n’est pas un abus de langage pour dire qu’il y a des violences sexuelles dans notre pays. Et, je peux vous dire que les statistiques hospitalières, je ne dis pas les femmes qui ne portent pas plaintes, mais nous sommes nettement au-dessus de la moins sous régionale. Autrement dit,il y a plus de violences sexuelles dans ce pays que dans beaucoup de pays de la sous région . A titre d’exemple, je veux vous dire que sur un mois de consultation de 30 personnes par jour, j’ai au moins 12 personnes qui sont victimes d’agressions sexuelles dans un service de victimologie qui reçoit toutes sortes de violences . Mais, la particularité de cette violence surtout, c’est sur l’âge des enfants. Et, malheureusement 70% de ces victimes ont moins de 15 ans » déclare-t-il .
Ensuite, il a précisé que ces violences ont toujours une conséquence infectieuse et anatomique sur ces filles victimes d’agression sexuelle qui peuvent développer le VIH/ SIDA
» Ces filles sont en majorité des pré-pubères donc développent des infections bactériennes, virales y compris des VIH SIDA » déplore .
Enfin, au nom du président du CNT, il a réitéré son engagement en ces termes : » Nous au CNT, je voudrais vous rassurer ici que nous allons travailler pour d’abord renforcer des dispositions l’égales qui existent en matière de lutte contre la violence sexuelle , mais aussi de faire des propositions allant dans le sens d’améliorer des conditions de prise en charge de ces violences sexuelles, ».
Dans son discours d’ouverture, la ministre de l’action sociale et des personnes vulnérables, Aïcha Nanette Conté a exprimé sa reconnaissance et sa profonde gratitude à cette jeune structure et dynamique
» Cette 2ème édition coïncide avec la célébration de la journée internationale de la jeune fille qui constitue un vaste moment de plaidoyer…pour la concrétisation du droit de cette couche. Cérémonie dont la commémoration officielle se fera cette année en différé le vendredi 28 octobre prochain. Je saisis cette opportunité pour remercier toutes les parties prenantes ici présentes et au forum et au-delà toutes les activités planifiées dans le cadre de la journée de la jeune fille’’, indique-t-elle. Ajoutant : » Prenant la mesure de toute cette situation, le gouvernement successif de la République a fait de la question de VBG une préoccupation pour ne pas dire une priorité. Cela en témoigne l’adoption d’une stratégie nationale de riposte contre les VBG ; l’adoption d’un plan stratégique pour la promotion de l’abandon de Mutilation Génitale Féminine ; l’adoption d’une stratégie nationale de lutte contre le mariage d’enfant ; les réformes juridiques opérées avec la révision du code pénal pour incriminer les VBG ; l’adoption du code de l’enfant ; la création du centre de prise en charge médicale des victimes des VBG, mais aussi des cellules de VBG dans les commissariats et postes de gendarmerie ; tout récemment la signature du deux engagements du gouvernement de la transition en faveur de la protection des femmes et des filles et des enfants en général contre les violences du 15 décembre 2021.
Sur un plan opérationnel, il est important de signaler que le rôle des ONGs est très important dans la dynamique de prévention, de dénonciation et du suivi des cas pour une meilleure prise en charge des victimes … »
A noter que durant ces deux jours des travaux, plusieurs thématiques seront abordés par des spécialistes. Entre autres : l’engagement de l’Etat guinéen dans la lutte contre les violences faites aux filles et femmes, masculinité positive, le rôle des antennes du CJFLG dans les activités communautaires, activités des partenaires au développement face aux défis majeur de la Guinée, le dialogue intergénérationnel, les violences sexuelles en Guinée quelles issues? Quel rôle les médias ont-ils dans la lutte contre les violences sexuelles ? Quel rôle des leaders religieux et les chefs de quartiers dans la lutte contre les violences sexuelles ? La culture et l’art au service des filles et femmes, quelles solutions innovantes dans la lutte contre les VBG en Guinée à travers des thématiques spécifiques ?
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
621269981