Ces derniers jours, la Guinée a été le théâtre de plusieurs décès liés à la consommation de drogues, notamment la Kush. En l’espace de 72 heures, quatre corps sans vie ont été retrouvés à Conakry, dont deux jeunes au marché Madina, un ressortissant sierra-léonais au marché de Matoto, et un autre à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré, mercredi dernier. Cette situation est extrêmement préoccupante, non seulement pour les acteurs engagés dans la lutte contre la drogue, mais aussi pour les familles et les autorités.
Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction ce jeudi 17 octobre 2024, Dr Thierno Bah, Directeur Général de l’Institut Itinérant de Formation et de Prévention Intégrée Contre la Drogue et Autres Conduites Addictives (IIFPIDCA), a exprimé son profond regret face à cette situation alarmante.
« C’est une véritable tristesse d’apprendre le décès de jeunes à cause de la consommation de drogue. Il est clair que nous sommes dépassés par l’ampleur du phénomène en Guinée. Nous sommes inquiets, car quel avenir peut-on espérer pour une jeunesse qui consomme de la drogue ? », a déclaré Dr Bah.
Il a également cité l’ancien président sénégalais, Me Abdoulaye Wade : « Quelle jeunesse tu as, je te dirai quelle nation tu seras », pour illustrer l’impact que cela pourrait avoir sur l’avenir de la Guinée. « Nous avons une vision pour 2040 avec des projets tels que Simandou Académie et Simandou Emploi, mais il est impératif de sensibiliser les jeunes. Aujourd’hui, ils sont sous l’emprise des stupéfiants à tous les niveaux, y compris les jeunes filles qui consomment de la chicha dans les boîtes de nuit. La consommation de la drogue Kush est une véritable préoccupation nationale », a-t-il ajouté.
Dr Bah a rappelé que « le président de la République, Son Excellence le Général Mamadi Doumbouya, avait instruit son Premier ministre de mettre en place un comité de veille et de riposte contre la drogue Kush. Nous avons travaillé pendant plusieurs mois, mais avec l’accalmie, ce combat a été quelque peu négligé. Aujourd’hui, la drogue Kush tue plus que toute autre drogue en Guinée. »
Selon Dr Bah, « en l’espace de 72 heures, plusieurs décès ont été enregistrés en raison de la consommation de la drogue Kush et d’autres substances toxiques. C’est une véritable épidémie. Notre rôle est de prévenir, et cela passe par trois types de prévention : la prévention primaire, qui consiste à sensibiliser ceux qui n’ont jamais touché à la drogue ; la prévention secondaire, qui consiste à mettre en place des structures de prise en charge pour les soins ; et la prévention tertiaire, qui consiste à réinsérer les usagers après leur traitement, car ils sont avant tout des citoyens guinéens. »
Le Directeur Général a également souligné que 65 % de la population guinéenne est jeune, avec un taux de consommation de la drogue Kush de 0,94 % chez les jeunes de 15 à 18 ans, et un taux de consommation de chicha atteignant 45 %. « C’est une préoccupation nationale à tous les niveaux », a-t-il déploré.
L’IIFPIDCA, sous la direction de Dr Bah, prévoit plusieurs actions pour tenter de réduire ce fléau dans la société guinéenne.
Concernant les statistiques, Dr Bah a indiqué que le bilan provisoire pour 2024 est de 16 décès liés à la consommation de drogue, dont 12 étaient déjà recensés avant les 4 cas récents. « Cela montre que la consommation de Kush est en recrudescence, et qu’elle cause de nombreux traumatismes dans notre société », a-t-il conclu.
À suivre…
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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