Conformément à la loi régissant la profession des huissiers de justice en Guinée, le bureau exécutif actuel des huissiers de Guinée achevera son second mandat le 18 décembre. À cette date, un congrès électif sera organisé pour élire un nouveau bureau chargé de diriger cette institution.
À l’occasion de l’organisation de ce congrès, notre rédaction a rencontré le président du bureau sortant, Maître Sory Daouda Camara, qui a dirigé la Chambre Nationale des Huissiers de justice de Guinée pendant six ans. Nous avons voulu savoir quels étaient les principaux actes qu’il a posés pour le développement de la profession en Guinée.
Dans son intervention, Maître Sory Daouda Camara est revenu en détail sur les actions réalisées par son bureau au cours de ces années :
« Nous pensons avoir un bilan qui, bien qu’il ne soit ni totalement élogieux ni négatif, a marqué un tournant pour notre profession. À notre arrivée à la tête de la chambre, la Guinée n’avait pas de droit de vote lors des congrès internationaux, ni au sein de l’Union Africaine des Huissiers de justice, en raison du non-paiement des cotisations. Le premier acquis de notre bureau a été l’obtention du décret portant statut des huissiers de justice, car l’absence de ce texte affaiblissait l’organisation de notre profession. Sans ce texte, comment pouvions-nous recouvrer les cotisations ? Nous évoluions sous un ancien arrêté de 1986, qui était clairement obsolète. Notre priorité a donc été d’obtenir un statut digne de ce nom, ce qui nous a permis de mettre en place un système de recouvrement des cotisations. Grâce à cela, nous avons pu nous mettre à jour vis-à-vis de l’Union Africaine et de l’Union Internationale des Huissiers de justice. À partir de ce moment, la Guinée a retrouvé sa place sur la scène internationale et a obtenu le droit de vote lors des congrès. »
Maître Camara a également souligné que la Guinée est désormais régulièrement représentée lors des rencontres continentales et internationales, avec des délégations de plus en plus nombreuses. « Nous sommes passés de 5 à 6, voire 10 huissiers de justice, et cela est devenu une habitude. La Guinée est désormais reconnue au niveau continental et mondial », a-t-il ajouté.
En 2023, la Guinée a organisé un colloque avec l’Union Africaine des Huissiers de justice, auquel ont participé de nombreux pays africains et des représentants étrangers, notamment de France. « Pour la première fois, une délégation gouvernementale forte, comprenant une dizaine de ministres et le Premier ministre, a pris part à la cérémonie d’ouverture. C’était un acquis important pour nous », a-t-il affirmé. Cependant, il a reconnu que la pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable sur la profession, retardant l’exécution de plusieurs projets et activités prévues.
Concernant la discipline au sein de la profession, Maître Camara a précisé que de nombreuses sanctions disciplinaires ont été prises. « Nous avons veillé à discipliner la profession. Tout huissier de justice qui ne respecte pas les textes est convoqué devant notre conseil de discipline. En cas de faute avérée, des sanctions sont appliquées. Depuis notre arrivée, de nombreux huissiers ont été suspendus, et c’est la Chambre qui prend ces mesures disciplinaires, non le parquet. »
Abordant les difficultés rencontrées pour atteindre les objectifs fixés, le président sortant a évoqué des problèmes liés à l’exécution des décisions de justice. « Nous faisons face à des difficultés avec le parquet concernant l’exécution des décisions, et cela perdure. De plus, notre profession n’est pas exercée à plein temps, ce qui limite notre capacité à intervenir tout au long de l’année. Par exemple, la loi nous empêche d’exécuter des mesures d’expulsion entre le 1er juin et le 30 septembre », a-t-il expliqué.
Enfin, Maître Camara a exprimé ses attentes pour le futur bureau, soulignant plusieurs défis à relever. « Le principal défi reste l’élimination de la réquisition dans les procédures d’exécution. Nous nous sommes battus pour cela, mais nous n’avons pas réussi à l’éliminer. Le prochain bureau devra également s’attaquer à la fusion de la profession d’huissier de justice avec celle de commissaire, un projet qui reste à concrétiser. La Guinée n’est pas le seul pays à envisager ce changement, mais il est urgent de faire avancer cette réforme », a-t-il conclu.
À suivre !
Ibrahima Sory Camara pour AvenirGuinee.org
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