C’est une affaire, sans doute, qui inquiète le personnel du Centre Hospitalier et Universitaire Donka. Ces derniers jours, l’Etat guinéen, à travers le ministère de la Santé, a annoncé la concession du CHU Donka à des experts Canadiens pour cinq (5) longues années. Une annonce qui a suscité des interrogations sur le sort du personnel soignant de ce centre mais aussi, chez une frange de la population qui se trouvent indigents.
Quels atouts la Guinée pourrait tirer de cette concession ? On se demande bien ‘’QUOI’’.
Curieuse de connaître le fond de cette affaire qui se trouve sur toutes les lèvres à l’hôpital Donka, la rédaction d’avenirguinee.org a bien voulu s’intéresser à ce dossier. Le nez dans la sauce, l’odeur semble peu succulente.
Dans cet article sur la concession de l’hôpital Donka aux canadiens, nous allons baser notre observation sur quatre (4) aspects qui ne profitent réellement pas au personnel soignant, aux démunis et à la Guinée en général. Ces aspects sont : l’expertise ; le salaire ; le contrat de concession et le social.
L’expertise : selon nos informations, ce sont 12 canadiens qui viennent apporter leurs expertises durant les cinq années de concessions. Les expertises se feront à plusieurs niveaux mais, ceux qui retiennent notre attention sont : la comptabilité, les soins, la pharmacie et l’expertise entre la faculté et l’hôpital.
Les nouvelles autorités, depuis leur prise du pouvoir, sont inscrites dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite des cadres au sein de l’administration ; une démarche honorablement saluée par tous. Dans cet état, nous comprenons leur envie de trouver un expert-comptable, ce, pour centraliser les recettes à un seul niveau avec pour objectif : éviter l’éparpillement des recettes entre les différents soignants.
Mais, encore faut-il rappeler que la Guinée a une cour des comptes qui puisse lui fournir cette expertise ?
Pour les soins : la Guinée, depuis belle lurette, est une référence en Afrique de l’ouest dans le cadre de la formation en médecine. Au-delà, ils sont nombreux parmi le personnel du CHU Donka qui sont spécialisés dans des domaines de traitement. Et, ils apportent leurs expertises à d’autres pays à l’international. Certains, en dépit d’enseigner dans des facultés de médecines en dehors de la Guinée, occupent des postes de responsabilités à la tête des organisations sanitaires ouest-africaine et africaine. Faut-il citer Pr Mohamed Cissé, actuel Directeur Général du CHU Donka et président du réseau ouest-africain des dermatologues ? Que dire de Pr Biro, Pr Kézély, Pr Namory respectivement experts en Chirurgie, neurochirurgie et Maternité ?
En acceptant l’expertise canadienne, la Guinée accepte de remettre en cause la notoriété de ces Professeurs qui font des apports dans le cadre des soins, de la formation mais aussi dans les recherches.
Le Salaire : une de nos sources qui dit avoir eu accès au contrat de concession nous a confié que chacun des 12 experts canadiens touchera 23 800 dollars/mois. Cependant, nous apprenons que les Professeurs agrégés, en dépit des apports susmentionnés, ne perçoivent pas plus de 6 millions/mois chacun. Comment vont-ils apprécier cela pendant qu’ils travaillent dans des conditions peu favorables au camp camayenne pour cause de rénovation du CHU Donka ?
Le contrat de la Concession : Notre source nous indique que dans le contrat de concession, tout est exigé au cédant c’est-à-dire que c’est l’Etat guinéen qui donne tout, le concessionnaire en dehors de son expertise, rien.
Et, nous apprend-elle, l’Etat guinéen subventionnera 10 fois plus qu’il ne le faisait avant.
Le Social : la Guinée repose sur le CHU Donka et celui de Ignace Deen. Ce sont des hôpitaux référentiels du pays.
Beaucoup de malades indigents se dirigent vers ces centres pour leurs soins. Avec leurs maigres moyens, des médecins, sous la houlette de la direction générale, prenaient le soin de consulter et traiter ces derniers. Cela, à travers le fond d’indigence qui, finalement, a été récemment transféré au ministère de l’action sociale.
Avec l’arrivée des canadiens et la centralisation à leur niveau, quel sera le sort de ces démunis ?
Voilà ces interrogations qu’il faille se poser d’ores et déjà. Il est bien normal d’investir dans le renforcement des capacités des médecins guinéens mais, ne pas les minimiser non plus au profit d’une expertise qui pourrait impacter négativement.
A suivre…
Ibrahima Sory SYLLA pour avenirguinee.org