La Guinée fait face depuis un certain temps à des coupures électriques dans les foyers. Pour proposer des solutions adéquates, notre rédaction a rencontré le week-end dernier un expert du secteur énergétique, M. Mamadou Pathé Dieng, manager du groupe RAMA HOLDING et opérateur multi-secteur.
Au cours de cet entretien approfondi, plusieurs questions relatives aux problèmes d’électricité en Guinée ces derniers temps ont été abordées. Entretien…
Bonjour, M. Dieng, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Mamadou Pathe DIENG, président du AHMADOU DIENG GROUP (A.D.G), comprenant le COMPLEXE SCOLAIRE AHMADOU DIENG et UNIVERSITÉ AHMADOU DIENG, ainsi que manager de RAMA HOLDING. Je possède également une vaste expérience dans le secteur énergétique à travers l’Afrique de l’Ouest.
Vous partagez souvent vos avis sur divers sujets d’actualité nationale et internationale, mais jamais sur les questions énergétiques. Pourriez-vous nous parler de votre intérêt pour ce secteur crucial ?
En 2015, en tant qu’opérateur économique multi-secteur, j’ai été sollicité par des partenaires israéliens basés à Tel Aviv pour représenter leurs intérêts en Afrique de l’Ouest, notamment dans les secteurs agricoles, miniers et énergétiques. Ce groupe avait déjà démontré son succès en rendant plusieurs pays d’Afrique et d’Asie indépendants sur le plan énergétique, ainsi qu’en favorisant l’autosuffisance alimentaire. En Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, le groupe a investi dans les mines (or à Mandiana, bauxite à Boffa…), en Sierra Leone (barrage de Bumbunna…) et dans le diamant au Liberia. Suite à cela, nous avons proposé le projet Solarius, entièrement financé et clé en main, aux présidents de la Guinée et de la Sierra Leone dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé (PPP).
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le projet SOLARIUS ?
Le projet SOLARIUS visait à construire des centrales solaires et des micro-barrages isolés ou en réseau interconnecté en République de Guinée et en Sierra Leone, avec une capacité variant entre 5 et 40 MW par unité. L’objectif était de fournir de l’électricité à moindre coût aux préfectures, villes ou à la capitale, en fonction du potentiel énergétique de chaque zone.
Passons aux défis énergétiques en Guinée. Pourriez-vous nous proposer des solutions à court terme pour lutter contre les délestages d’électricité ?
Certainement. La première solution consiste à améliorer la gestion de l’électricité en renforçant les mécanismes de distribution. Ensuite, l’utilisation de générateurs électriques temporaires peut fournir une solution immédiate aux coupures d’électricité. Enfin, la mise en place d’un système de rotation des délestages avec une sensibilisation efficace des populations permet une gestion planifiée pour minimiser l’impact sur les différentes régions.
Avez-vous des exemples de succès pour illustrer ces solutions ?
Oui, par exemple, le Sénégal a mis en œuvre des mesures pour améliorer la gestion de l’électricité, contribuant à réduire les délestages et à améliorer la fiabilité du réseau électrique. De même, le Nigeria a utilisé avec succès des générateurs électriques temporaires pour maintenir un approvisionnement continu en électricité dans certaines zones.
Concernant l’indépendance énergétique en Guinée, pourriez-vous nous présenter des pistes de propositions ?
La solution durable est le mix énergétique, diversifiant les sources d’énergie avec l’investissement dans les énergies renouvelables telles que le solaire, l’éolien et l’hydroélectrique à petite échelle. Un exemple de succès est observé au Maroc, où le développement de la centrale solaire de Noor à Ouarzazate a permis au pays de devenir un leader dans l’énergie solaire. Planifier la construction de nouvelles centrales électriques, moderniser et renforcer le réseau électrique existant sont également essentiels.
Comment promouvoir ces solutions auprès des populations et des décideurs malgré le manque de volonté politique ?
La sensibilisation et la promotion de pratiques écoénergétiques sont essentielles pour réduire la demande excessive en électricité. Les partenariats public-privé peuvent être efficaces pour attirer des capitaux privés. La mobilisation des ressources internes, la réforme fiscale et la priorisation des investissements dans les infrastructures énergétiques peuvent également être envisagées.
Pensez-vous que la privatisation du secteur énergétique est une bonne idée ?
À mon avis, oui, mais une analyse approfondie des implications est nécessaire pour éviter les échecs du passé.
Quelles sont les opportunités et les défis de la privatisation du secteur énergétique en Guinée ?
La privatisation pourrait améliorer la fiabilité de l’approvisionnement en électricité et stimuler l’activité économique, mais elle pourrait également rendre le secteur vulnérable aux fluctuations économiques mondiales et restreindre l’accès à l’électricité pour les populations à faible revenu.
En attendant ces propositions à long terme, comment fournir urgemment de l’électricité aux populations qui s’impatientent ?
Des solutions temporaires telles que l’utilisation de générateurs électriques temporaires, l’importation d’électricité à travers des interconnexions bien négociées et la mise en place de centrales électriques mobiles peuvent être envisagées.
Je vous remercie, M. Mamadou Pathe Dieng.
C’est à moi de vous remercier.
Réalisé par Abdoul Karim Touré, pour avenirguinee.org