Contre toute attente, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation a présenté, vendredi dernier, les 10 étapes clés pour un retour à l’ordre constitutionnel. A la suite de sa présentation à l’occasion de l’ouverture du cadre de concertation inclusif, Mory Condé a adressé un courrier aux coalitions politiques leur demandant d’étudier ce plan de travail et de proposer un chronogramme.
Réagissant donc à cette demande du patron du MATD, le leader du parti RDIG a livré ses impressions ce lundi au micro d’avenirguinee.org.
« J’ai toujours appelé l’envoie de ces courriers aux coalitions de la diversion ; c’est une diversion totale. Vous savez, les nouvelles autorités, c’est dommage qu’elles soient acclamées par la classe politique. Dès le 05 septembre qui a marqué la prise du pouvoir par les forces spéciales, elles ont suscité beaucoup d’espoirs. Mais, aujourd’hui cet espoir est voué à l’échec. Parce que la façon dont ils sont en train de mener la transition, c’est comme si on avait à faire à l’amateurisme. C’est la vérité. Nous, nous avions clamé haut et fort de les soutenir pour ne pas que cette transition échoue. En tant que bon guinéen épris de paix et de justice, c’est d’accompagner ces jeunes militaires pour que nous ayons une transition apaisée. Mais, aujourd’hui dommage, on parle de réconciliation, d’assises et, ce sont des discours va-t’en guerre qui pleuvent. Comment peut-on parler d’assises et de réconciliation entre les guinéens ? C’est vrai que les guinéens sont réconciliés avec eux-mêmes ; nous ne sommes pas un pays sorti de guerre comme la Côte-d’Ivoire, le Libéria et la Sierra Léone. On n’a pas de problèmes personnels. Tant mieux il y a eu des crimes de sang », dit Jean Marc Telliano.
Regrettant la façon dont la transition est conduite par le CNRD, l’ex ministre de l’agriculture souligne qu’il « y a des priorités aujourd’hui sur lesquelles nous devons discuter. Moi, je crois que le CNRD doit mettre la balle à terre, il doit revoir sa copie pour une fois que les guinéens se retrouvent pour parler d’une même voix. C’est le souhait de toute la classe politique. Je l’ai dit, le CNRD n’a pas besoin de faire tout ce vacarme parce qu’ils n’ont pas d’opposition », ajoute-t-il.
Et de poursuivre, « J’ai toujours dit qu’aujourd’hui tous les partis politiques se valent, on n’a pas de position. Aujourd’hui, le CNRD est en train de fabriquer sa propre opposition, ce qui est déplorable. Moi, je croyais qu’ils devaient joindre les actes aux premiers discours qui avaient suscité beaucoup d’espoirs. Mais, ils ont toujours le temps de rectifier le tir. Il n’y a pas une gouvernance sans erreurs mais, il faut toujours prendre le bon côté ».
Faisant partie du groupe des 58 partis politiques qui demandent un cadre de dialogue exclusivement politique, le président du RDIG prévient qu’un affront entre les politiques et les autorités de la transition est bien prévisible. Par contre, pour éviter que le pays ne tombe dans des crises interminables, il interpelle le CNRD à dialoguer avec eux.
« Nous voulons que la transition là soit une réussite ; qu’elle soit la dernière. Mais, comme ils veulent créer l’opposition, on est là et on est prêt. Un affront avec le CNRD est prévisible, parce que ce qu’ils sont en train… alors que ça n’en vaut pas la peine. On n’a pas besoin de troubles dans ce pays maintenant. Il y a eu trop de morts, est-ce qu’on a encore besoin d’affrontement pour qu’il y ait d’autres morts. Mais, trop c’est trop. Nous sommes en train d’éviter qu’il y ait des marches, vous savez les conséquences mais, comme ils sont en train de nous pousser jusqu’au bout, le seul droit que nous avons, c’est de manifester. Si on n’a pas une solution d’ici le 25, nous allons nous retrouver pour tirer les conclusions », a-t-il confié.
Les deux ibrahima Sory pour avenirguinee.org