Le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation a adressé en fin de semaine dernière, des courriers aux différentes coalitions politiques, annexés par un document comportant les grands axes (actions à mettre en œuvre) de la transition. Le ministre Mory Condé, à travers ces courriers, demande à ces coalitions de faire parvenir à son département, cette proposition d’activités avec une proposition de temps à prendre pour le déroulement de chaque action contenue dans le document annexé à la lettre. Ce, au plus tard le 20 avril prochain.
Dans ce document dont la rédaction d’avenirguinee.org a pris connaissance du contenu, 10 grands axes sont proposés. La mise en œuvre devra conduire au retour à l’ordre constitutionnel. Ils partent du recensement général de population, le recensement administratif à vocation d’état civil, l’élaboration de la nouvelle constitution à l’organisation de l’élection présidentielle entre autres.
Cette demande, qui est le fruit du cadre de dialogue inclusif, comme indiqué dans le courrier, sera-t-elle exécutée par les partis qui se sont abstenus à participer au cadre de concertation inclusif ?
Pour répondre à la question, notre rédaction a interrogé ce lundi, l’ancien député à l’assemblée nationale, Honorable Cellou Baldé. D’entrée, ce responsable au sein du Bureau Politique de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) a laissé entendre que cette demande des autorités de la transition en est une de trop sur une question qu’ils ont préalablement répondue dans les mémos qu’ils ont déposés, à la suite des consultations engagées par la junte au lendemain de sa prise du pouvoir.
« Pour nous, le CNRD et le gouvernement refusent le véritable dialogue demandé par la classe politique dans le format et le contenu appropriés pour discuter des contours et du contenu de la transition. Ils sont en train de continuer leur fuite en avant. Je ne vois pas comment le gouvernement, à travers le ministre de l’administration du territoire, peut nous envoyer une liste de plus de 400 tâches regroupées en 10 familles d’activités, nous demandant de remplir et mettre des dates au niveau de cette liste de tâches d’autant plus que nous avons déposé notre mémo au niveau du CNRD. Parce qu’après les consultations au palais du peuple, il était question que toutes les forces vives de la nation puissent déposer les mémos. Et, nous, nous avons déposé (au niveau de l’UFDG et de l’ANAD) un mémo qui contient un chronogramme détaillé avec une période bien indiquée. Nous avions opté pour 15mois pour la transition », dit-il.
Et donc, aujourd’hui, poursuit-il, : « je crois que le CNRD et le gouvernement doivent revenir à la raison, réaménager le cadre de dialogue tel que nous l’avons demandé, pour nous permettre de discuter en toute sérénité ».
Pour ce farouche opposant au pouvoir déchu, plusieurs actions contenues dans cette proposition du MATD sont ‘’inopportunes’’ et ne sont pas liées au retour à l’ordre constitutionnel.
« Ils ne peuvent pas identifier un ensemble d’actions et d’activités et venir nous les soumettre. Nous devons identifier ensemble les activités. Quand vous prenez le contenu de cette liste d’actions et d’activités, vous prenez le recensement général de la population par exemple, il y a beaucoup d’actions inopportunes qui n’ont rien à voir avec les activités politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel. Et donc, nous leur demandons d’arrêter d’amuser la galerie, d’arrêter cette fuite en avant, de réaménager le cadre de dialogue pour qu’il soit conforme à nos exigences afin que nous puissions nous retrouver pour que nous discutions des questions essentielles liées à la transition et au retour à l’ordre constitutionnel ».
Dans la foulée, il indique que le comité national du rassemblement pour le développement s’inscrit dans une manœuvre qui consiste à « rouler le peuple, les politiques et la CEDEAO dans la farine ».
« Pour nous, le CNRD veut s’ériger en boulanger. C’est-à-dire, tenter de rouler et le peuple de Guinée et la CEDEAO dans la farine et les acteurs politiques ; Mais, ça ne passera pas. Depuis 7 mois, nous réclamons un dialogue. Il ne peut pas attendre à la veille de la fin de l’ultimatum donné par la CEDEAO pour sortir une panoplie d’activités comme ça, 57 pages et demander aux acteurs politiques qu’ils ne commandent pas, parce qu’aujourd’hui c’est comme s’ils nous donnaient des instructions, c’est comme s’ils nous faisaient des injonctions, c’est comme s’ils nous imposent de faire une production et de ramener ça d’ici le 20. Mais, ça ne se passe pas comme ça ; on se concerte », a-t-il dit.
« Le CNRD et le gouvernement n’ont pas cette légitimité d’exiger de la classe politique, de travailler sur cette liste de tâches et de déposer un travail d’ici le 20 avril. Et donc, pour nous, ils n’ont qu’à revenir sur terre, que l’ensemble des forces vives de la nation se retrouvent et qu’on discute de notre pays », a lancé Honorable Cellou Baldé.
Pour répondre à cette demande du ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation, plusieurs coalitions, membres du G58 se sont retrouvés en conclave ce lundi, selon nos informations.
Ibrahima Sory SYLLA et Ibrahima Sory Camara pour aveniguinee.org
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