Badra Koné. Depuis près de 8 mois, la République de Guinée traverse une période transitoire occasionnée par l’évincement d’Alpha Condé par le groupement des forces spéciales. Ce coup de force, opéré le dimanche 5 septembre 2021, a été applaudi par une frange de la population et presque toute la classe politique guinéenne.
Plus de 6 mois après, les politiques et les institutions internationales, notamment la CEDEAO et l’UA, dénoncent le retard dans la publication du chronogramme de la transition devant aboutir aux élections. Pour ces organisations, il n’y a aucune « visibilité » sur la transition guinéenne dirigée par le comité national du rassemblement pour le développement.
Dans un long entretien qu’il a accordé, la semaine dernière, à la rédaction d’avenirguinee.org , le président de la Nouvelle Génération Politique (NGP), s’est penché sur la question. Pour Badra Koné, aller vite aux élections ne résoudra pas le mal guinéen. Le jeune politique rappelle que la précipitation de la transition (2008-2010) ayant conduit aux élections de 2010, a amené Alpha Condé qui « s’en foutait de la démocratie ».
» Ce sont des gens qui veulent faire croire qu’une transition se limite à l’organisation des élections. Ce n’est pas le propre du cas guinéen ; la Guinée est un pays exceptionnel. Nous nous retrouvons dans une situation où la refondation est nécessaire. Cette refondation doit être effective. J’estime que la Guinée a connu plusieurs élections qui n’ont pas réglé le problème guinéen. La dernière élection qui a été l’une des plus grandes de l’histoire du pays est celle de 2010. Ça nous a amené une personne qu’on a cru être l’un des meilleurs démocrates africains. Il a fini par nous montrer qu’il s’en foutait de la démocratie. Est-ce qu’il faut encore organiser les élections pour donner le pouvoir à ces mêmes genres de personnes ? Je dis non ! », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, le premier vice-maire de la commune de Matam, parlant de la position de certains leaders politiques qui réclament l’enclenchement du processus électoral, a affirmé que les politiques qui se sont battus avec Alpha Condé pour la conquête du pouvoir en 2010, peuvent être « pires » que le président déchu.
« Alpha Condé et les gens qui se sont battus pour avoir le pouvoir en même temps sont tous de la même génération et réfléchissent plus ou moins de la même façon. Je ne vais pas dire qu’ils sont Alpha Condé mais, ils peuvent être pires que Alpha Condé. Il s’est passé des choses dernièrement qui nous laisse à réfléchir », a laissé entendre Badra Koné.
Au dernier sommet de la CEDEAO, tenu la semaine dernière, les chefs d’États africains ont déploré le retard de la junte dans le processus de la transition. Par conséquent, ils appellent les autorités de la transition à officialiser le chronogramme de la transition. Faute de quoi, disent-ils dans leur communiqué, de lourdes sanctions seront prises contre la Guinée.
Ibrahima Sory SYLLA pour avenirguinee.org
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