L’Union européenne a demandé l’ouverture d’une enquête sur le massacre d’une centaine de personnes qui aurait eu lieu au Burkina Faso en début de semaine dernière.
« Une centaine de civils, dont des femmes et des enfants, auraient été tués dans un massacre », a déclaré Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’Union Européenne, dans un communiqué.Les États-Unis ont également condamné l’attaque. L’identité des auteurs de l’attaque du 6 novembre dans le village de Zaongo n’est pas clairement établie.Josep Borrell a demandé à la junte militaire du Burkina Faso de faire la lumière sur les circonstances des décès. Les autorités burkinabè n’ont pas encore réagi à cette demande.
Le Burkina Faso tente de contenir une insurrection djihadiste qui s’est propagée à partir du Mali voisin. Les autorités militaires au pouvoir ont promulgué une loi votée au parlement de transition, qui rend mobilisable aux côtés de l’armée, toute personne masculine de plus de 18 ans, poussant des milliers de civils à se battre comme volontaires pour la défense de la patrie (VDP), afin d’aider l’armée dans la lutte contre les groupes islamistes, qui contrôleraient environ 40 % du pays. Environ un quart des écoles du Burkina Faso ont été forcées de fermer à cause de l’insurrection, selon les agences humanitaires.Un habitant a déclaré à l’agence de presse AFP que Zaongo était l’un des rares villages de la région à ne pas avoir été « vidé par les terroristes ». »Certains soupçonnent les habitants de collaborer avec eux », a-t-il ajouté.
L’armée a pris le pouvoir l’année dernière en promettant de mettre fin aux attaques djihadistes. Au contraire, le nombre de morts a augmenté depuis. L’année dernière a été la plus meurtrière jamais enregistrée dans le pays, selon le Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), basé aux États-Unis, avec plus de 1 400 décès de civils.Depuis le début de l’année, près de 8 000 personnes ont été tuées à cause de la violence dans le pays, selon Acled.
Le Burkina en bref
Le Burkina Faso, pays enclavé et pauvre, a souffert de sécheresses récurrentes et de coups d’État militaires.
Ancienne colonie française, il a accédé à l’indépendance sous le nom de Haute-Volta en 1960. Il possède d’importantes réserves d’or, mais l’état de son économie et les droits de l’homme ont suscité des inquiétudes à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
En 2022, alors qu’au moins 10 000 personnes ont été tuées et plus de deux millions déplacées à ce jour dans le cadre d’une insurrection djihadiste prolongée à laquelle le Burkina Faso est confronté depuis le Mali voisin, l’armée a pris le contrôle du pays à l’occasion de deux coups d’État visant à combattre les djihadistes.
Ces coups d’État ont entraîné la suspension du pays de l’Union africaine et du groupe régional de la Cedeao.
En 2023, le pays a expulsé une petite force française, rompant ses relations militaires avec la France et déclarant qu’il développerait des liens avec la Russie. Le gouvernement a nié avoir engagé des mercenaires Wagner – qui opèrent au Mali et en République centrafricaine – mais affirme qu’il fera appel à des « instructeurs russes » pour former ses soldats.
Le capitaine Ibrahim Traore a pris le pouvoir par un coup d’État en septembre 2022, évinçant son prédécesseur, le lieutenant-colonel Damiba, qui avait lui-même évincé le président Marc Kabore lors d’un précédent coup d’État en janvier 2022. Traore a été officiellement nommé président en octobre 2022.
La raison invoquée par Traore pour justifier le coup d’État était l’incapacité supposée de Damiba à faire face à l’insurrection islamiste qui se poursuivait dans le nord du pays. C’est pour la même raison que Damiba avait évincé Kabore, à savoir l’incapacité du gouvernement à stopper les groupes djihadistes opérant dans le nord du Burkina Faso.
- Kabore a été premier ministre et président du parlement sous le président Compaoré, avant de remporter les élections présidentielles de 2015 et 2020.
Mais, comme ses voisins, il a vu son programme national compromis par l’insurrection djihadiste.
Avec BBC