04 octobre 2022, c’est la date annoncée par les autorités éducatives guinéennes pour l’ouverture des classes. Le ministère de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation en a fait cas à travers un communiqué rendu public.
Comme les années précédentes, plusieurs défis se posent : entre autres le manque d’enseignants dans des établissements publics du pays, surtout ceux des zones les plus reculées de la capitale Conakry.
Comment résoudre ce problème qui, encore une fois, se pose au sein du système éducatif guinéen ? avenirguinee.org a interrogé cette semaine le secrétaire général du Syndicat National de L’éducation (SNE). Pépé Balamou, au cours d’une interview qu’il a accordée à notre rédaction, a proposé des approches pouvant permettre, selon lui, à l’Etat de régler le souci d’enseignants.
Au début de son intervention, il s’est d’abord exprimé sur la date du 04 octobre annoncée pour l’ouverture des classes.
« Cette date de l’ouverture des classes n’est pas une nouveauté. D’habitude, les gens savent qu’après le 2 octobre, c’est la rentrée des classes. Donc, je pense que ça participe de l’ordinaire. Nous, nous en prenons acte et nous serons sur le terrain si l’effectivité de cette date est actée par des mesures prises afin d’éviter que cette année ne soit une année perturbée », dit-il d’entrée.
Sur la problématique liée au manque d’enseignants, le syndicaliste fait savoir sa déception. Pour Pépé Balamou, aucune prévision n’est faite par les autorités de la transition sur le plan éducatif.
« Gouverner, c’est prévoir ; prévoir, c’est anticiper. Ce n’est pas le jour de la chasse qu’on apprend à manier des armes. Nous sommes très déçus d’autant plus qu’aucune mesure sérieuse n’est prise pour juguler le manque criarde d’enseignants dans nos concessions scolaires ; d’autant plus que depuis 2019, on criait sur tous les toits que la république à un manque de 19.292 enseignants. Et, au même moment, nous avons des enseignants communautaires qui sont payés au frais de la communauté villageoise qui ont construit des écoles à l’aide de leurs propres frais. Vous avez 10.585 enseignants contractuels qui, depuis 2018, enseignent dans les écoles de la République gratuitement. Certains sont même des chefs d’établissement professeurs principaux ; il y’en a même ceux qui enseignent dans les écoles privées qui ont fait un grand succès dans les différents examens passés. Et, on laisse ces gens-là, on veut partir dans les bureaux pour reprendre ce qu’ils ont fait entre 15 ans et 20 ans sans entrer en classe. Donc, je pense que c’est une ingratitude de la République envers ces enseignants contractuels », déplore l’enseignant.
Plus loin, notre interlocuteur fait des propositions pour la résolution de cette équation présente sur les lèvres de tous ceux qui se préoccupent de l’évolution du secteur éducatif.
« Il sera très simple de les prendre. Ne serait-ce que les contractualiser pour les 3 ans, les faire suivre en classe avec les inspections somatiques, formatives et régulatrices. Après 3 ans de contrat, ceux qui sont aptes didactiquement, pédagogiquement, académiquement et dans la gestion des grands groupes d’évaluations peuvent être directement engagés à la fonction publique. Ceux qui vont être faibles peuvent bénéficier d’un an de contrat supplémentaire le temps pour eux de se perfectionner et d’être formés par l’État. Si après un an certains vont se montrer aptes, ont les engage à la fonction publique. Ceux qui ne vont plus montrer qu’ils sont aptes pendant 4 périodes d’essais de contractualisation, ceux-là peuvent être directement libérés parce qu’ils sont non formables par manque de compétence académique mais aussi pédagogique. Cela permettra à l’État d’avoir les enseignants, ça permettra également à l’État d’employer beaucoup d’enseignants sans payer assez d’argent. Puisqu’avec le salaire d’un enseignant titulaire, on peut payer 5 enseignants contractuels sur la base du salaire minimum interprofessionnel garanti qui est à 550.000fg par mois ».
Malgré les réformes annoncées par les autorités précédentes dans le secteur éducatif, les résultats laissent à désirer.
Rappelons qu’aux examens nationaux passés, des pourcentages du jamais vus ont été enregistrés. Selon plusieurs observateurs, ils dénotent de ‘’ l’abandon’’ du secteur éducatif depuis plusieurs années.
Mamadama dix Camara pour avenirguinee.org