Sans aucun doute, le gouvernement guinéen, en accord avec les opérateurs économiques, a récemment fixé de nouveaux tarifs pour les denrées alimentaires sur le marché guinéen. Désormais, un sac de riz qui coûtait 290 000 FGN coûtera désormais 340 000 FGN, soit une augmentation de 50 000 FGN.
Cette situation suscite des critiques de la part des acteurs sociopolitiques.
Dans une interview exclusive accordée ce mercredi à notre rédaction, le président du parti UDIR a analysé cette situation comme étant le reflet de la faiblesse de l’État.
« Ce n’est le souhait d’aucun Guinéen d’assister à l’augmentation des prix des denrées de première nécessité aujourd’hui. Si vous constatez cette augmentation, c’est soit en raison d’une crise mondiale qui pousse la Guinée à suivre la tendance mondiale des prix, soit à cause de la politique économique actuelle qui ne favorise pas la création d’industries ni le développement des produits de première consommation en Guinée. Nous sommes contraints d’importer ces produits pour les vendre avec des marges, et le gouvernement, n’étant pas un commerçant, se trouve dans un monde global où l’État n’a pas vocation commerciale. Ce sont les opérateurs économiques qui réalisent des bénéfices. Il faut rappeler aux Guinéens que nous sommes dans une période de transition, équivalente à une période d’austérité, à une période d’anomalie. Aujourd’hui, nous sommes en train de revenir à la normale, ce que nous vivons actuellement est anormal, et pendant cette période, la pression est normale. Actuellement, nous ne recevons pas assez de subventions car nous sommes sanctionnés par de nombreuses organisations internationales travaillant pour le retour à l’ordre constitutionnel afin que nous puissions être alignés sur les pays qui sont aujourd’hui diplomatiquement reconnus. Mais ce que je dirais au gouvernement guinéen, c’est de s’atteler au retour à l’ordre constitutionnel pour le bien des Guinéens, car nous ne pouvons pas continuer la vie d’une nation en transition, cela ne sert ni les intérêts des personnes ni ceux des gouvernants ni ceux des gouvernés. Tout le monde est conscient de la précarité qui s’installe actuellement en Guinée. Avec l’exploitation du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum, il était également prévisible que cela se produise. Conakry peut avoir des problèmes d’accès aux hydrocarbures, mais si vous vous rendez à l’intérieur du pays, il y a encore des problèmes d’accès aux hydrocarbures nécessaires pour le transport régulier des marchandises d’un point A à un point Z. La solution actuelle est de travailler de manière drastique pour le retour à l’ordre constitutionnel afin que nous soyons parmi les pays normaux pour faire face à tout cela. »
Plus loin, le président a évoqué certains risques liés à cette augmentation, qu’il attribue notamment à l’incendie du dépôt, mais aussi à la gestion actuelle de la transition par des militaires.
« Cela n’est pas spécifiquement dû à l’incendie du dépôt d’hydrocarbures, mais cela fait partie de la situation globale. Je vous dis que nous sommes dans une transition où nous manquons de capitaux, nous manquons d’investisseurs sérieux, et le pays court un risque élevé. Le niveau d’indice de notre pays est tellement élevé que certains investisseurs n’osent pas venir. (…) Ces commerçants, qui sous un régime normal auraient apporté un bateau de 50 mille tonnes de riz, évitent de prendre ce risque lorsque les journalistes, la société civile et les membres du gouvernement déclarent que le pays est menacé, que le pays est en danger, et que l’internet est coupé. Ils n’envoient pas une très grande quantité de denrées, ils minimisent les risques. Auparavant, s’ils apportaient 100 mille tonnes de riz par mois, ils n’en enverraient que 20 mille tonnes maintenant, et en cas de risque, ils perdraient seulement ces 20 mille tonnes. C’est ce que nous vivons aujourd’hui. L’indice du risque du pays est tellement élevé que les opérateurs économiques, nationaux et internationaux, font attention à leurs activités économiques. Lorsque le gouvernement annonce que nous coupions l’internet parce qu’il y a un risque d’atteinte à la sûreté nationale, les gens font attention. Maintenant, c’est une question d’offre et de demande. S’il y avait 100 mille tonnes sur le marché, nous y aurions accès facilement, mais avec seulement 20 mille tonnes de riz et 100 personnes ayant besoin de ces produits, il y aura une rupture d’approvisionnement. »
Plus loin, il a également ajouté que « la précarité continuera. Les Guinéens vivent déjà dans la précarité depuis 1958, nous ne sommes pas un pays prospère. Le risque aujourd’hui est de créer une grande faim en raison de la précarité entre le gouvernement et les citoyens, et nous connaissons les conséquences de la faim. Rappelons-nous de la grande grève de 2007 qui a été déclenchée, c’était une grève de la faim. Le jour où le Guinéen n’a rien à manger dans sa globalité, les stratégies de diviser pour mieux régner ne fonctionneront pas. Maintenant, lorsque la faim atteint un niveau où vous ne pouvez même pas manger une fois par jour, il y aura un soulèvement populaire, ce que nous ne souhaitons pas pour la Guinée. C’est pourquoi je dis travaillons ensemble pour le retour à l’ordre constitutionnel. Le président doit changer cette équipe en place, elle doit partir, nous avons vu qu’elle ne peut pas aller au-delà de ce qu’elle nous offre aujourd’hui « , a-t-il lâché.
À suivre !!!
, a-t-il lâché.
À suivre !!!
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org 621269981