Après avoir remué les dossiers brûlants liés au crime économique, le procureur de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) fait face au secteur de la santé. Aly Touré annonce un assainissement profond de ce milieu ‘’ pourri’’. De ce fait, il menace de fermer toutes les cliniques clandestines et les points de vente non agréés des médicaments à partir du 15 septembre.
Interrogé ce vendredi sur cette annonce qui n’est pas une première en Guinée, Dr Mamady Onivogui, médecin et PDG d’une clinique, semble ne pas surpris.
A l’entrée de son intervention, il a d’abord souligné que ‘’ c’est une bonne chose’’, avant de rappeler un certain nombre de faits dans ce milieu sous le régime déchu.
» C’est une bonne chose, je ne suis pas contre, nous sommes inscrits à l’ordre professionnel. C’est-à-dire, si tu es médecin, il faut être médecin inscrit de façon régulière à l’ordre des médecins. Si tu es biologiste, il y a à l’ordre…Tout ce qui se fait maintenant a été fait. Combien de fois ils ont menacé ? Mais, ils ont créé medicrime pour lutter contre ces maladies. C’est comme les médicaments qui sont en stock là. L’ordre des pharmaciens a lutté ici plusieurs fois contre les faux médicaments. Les médicaments en Guinée ne tombent pas du ciel, ça vient par le port, par l’aéroport ou par voie terrestre. Alors, prenez l’exemple du port. S’il y a quelqu’un qui maîtrise les choses du port, j’en fais partie. Sur les 200 et quelques centenaires qui sont retenus au port, la complicité c’est l’État. Quand vous fouillez, bientôt il y aura pénurie de médicaments. C’est pourquoi, ils en parlent comme ça », dit-il.
A suivre son raisonnement, l’activiste de la société civile confie les quelques raisons qui, selon lui, sont à la base de ce réveil brusque des autorités de la transition.
« Il y a beaucoup de médicaments qui commencent à disparaître. Pourquoi ? Premièrement, il y avait plus de 63 sociétés d’importation pharmaceutique qui étaient là. Alpha Condé a réduit 40, il est revenu jusqu’à 8, voire 6. Mais, qu’est-ce qu’ils ont fait finalement ? Ils ont pris des agréments à donner à leurs proches. Pour importer du médicament, il faut être milliardaire, il faut avoir des partenaires sûrs. Qu’est ce qui s’est passé tout dernièrement ? D’abord, ils avaient pris une décision d’arrêter mais, il y a eu une autre décision qui était venue dire que ‘’tous ceux qui ont déjà des médicaments commandés, durant les 6 mois qui sont en cours, ceux qui avaient les commandes, de rentrer. Et, au cours de cette période, Alpha Condé a chuté. Les gens ont des documents, parce que j’ai vécu les faits… Donc, les conteneurs sont arrivés. Puisse qu’ils ont donné les documents légaux à leurs proches, au lieu de vérifier d’abord dans les comptes bancaires de ces entreprises, de ces labos d’importation si c’est vrai ce que les gens disent, les gens ont commencé à faire la sous-traitance », révèle le Dr Onivogui.
Prenant l’exemple sur des actions posées au début avec énergie et insistance des autorités, notre interlocuteur ne croit pas à la finalité de cette nouvelle initiative du procureur spécial de la CRIEF.
« Donc, je vais dire que ce n’est pas la première fois. C’est un coup de vent. Ça ressemble exactement à ce qu’on fait du déguerpissement des routes. On prend un mois pour déguerpir, on maintient jusqu’à un mois, on ne peut pas payer les agents communaux qu’on met au bord des routes pour surveiller pour que les commerçants ne viennent pas au bord des routes. Après deux mois, les commerçants aussi reprennent leurs places et mettent leurs tables de vente. C’est ce que cela veut dire. Sinon, je ne suis pas contre tout ce qui est bon pour le pays. Parler de ce qui est bon et de ce qui n’est pas bon, c’est vraiment l’idéal d’un activiste. Mais, ils vont le faire la première quinzaine, ils vont poster les gens dans les rues », martèle-t-il, rappelant tout de même que « Moussa Tiegboro en a fait, autant de fois. Ce n’est pas étrange.
Aly Touré va faire, oui, mais le problème c’est quoi ? Déclencher un projet est facile mais, le suivi. Parce qu’il faut que l’action soit pérenne pour ne pas que ça reprenne.
Au moment où le régime est stable, un président est démocratiquement élu, les bailleurs de fonds sont là, il y a de l’argent, tu peux comparer ça à un régime transitoire ? je dis non. C’est cela le problème », a-t-il conclu sur ce sujet.
A suivre…
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org