Anne-Marie Mamadi Keita a engagé une bataille judiciaire contre sa propre mère pour récupérer ses enfants, après les avoir laissés sous sa garde pendant son séjour à l’étranger pour des soins médicaux. Cette histoire révèle une lutte déchirante entre fille et sa propre mère, soulignant des enjeux complexes de famille, de droits et de justice.
Dans son récit, Anne-Marie confie avoir passé cinq ans à Dakar pour un traitement médical, laissant ses enfants, les jumelles Anane Izazi et Fatimé Izazi, ainsi que leur petite sœur Fatoumata Haba, sous la garde de sa mère. À son retour, elle a exprimé sa gratitude envers sa mère et a demandé la restitution de ses enfants. Mais contre toute attente, sa mère a refusé de les lui rendre.
« Je lui ai dit que je voulais récupérer mes enfants, mais elle a catégoriquement refusé. J’ai été contrainte de porter plainte, n’ayant pas d’autre solution », explique Anne-Marie. Après avoir initialement porté plainte auprès de l’OPROGEM, elle a saisi le tribunal pour enfants. Cependant, malgré trois années de procédures judiciaires sans solution, notre interlocutrice a dû se tourner vers la gendarmerie de Belle Vue pour poursuivre ses démarches.
Anne-Marie déplore également que les noms et prénoms de ses enfants aient été modifiés dans les dossiers administratifs, ce qui a ajouté à sa détresse. « C’est une violation de nos droits. Quand j’ai eu ces enfants, leurs noms ont été enregistrés lors de leur baptême. La justice et le ministre doivent m’aider, car je ne peux pas rester les bras croisés alors que ma propre mère me manque de respect ainsi qu’à mes enfants », affirme-t-elle.
Dans leurs échanges au tribunal, la mère d’Anne-Marie aurait exigé un dédommagement avant de restituer les enfants, sans préciser le montant. Cette demande de compensation a exacerbé le conflit familial. Anne-Marie souligne également la difficulté supplémentaire que représente la situation : « Je ne pouvais pas imaginer qu’elle refuserait de me rendre mes enfants et me priverait de leur amour. »
La situation est d’autant plus complexe compte tenu des tensions avec le libanais, père des jumelles, qui, selon Anne-Marie, a été perturbé par sa propre mère et son mari, un colonel de la douane. Il a même été intimé à renoncer à la garde des enfants, compliquant encore davantage la situation. Ce, alors que celui-ci prenait en charge toutes les dépenses de ses enfants, bien qu’elles soient nées hors mariage.
Anne-Marie révèle également des aspects personnels de sa relation avec sa mère, qui, selon elle, ne l’a jamais aimée. « Ma mère m’a abandonnée à l’âge de six mois à cause des regards des autres dans la cité police. Elle ne m’a jamais assistée pendant ma grossesse. Ce sont ma tante et son mari qui m’ont soutenue. C’est seulement après avoir su que j’avais accouché pour les libanais qu’elle est venue. Les enfants étaient alors avec moi, car leurs parents prenaient soin d’elles », raconte-t-elle.
Elle explique ensuite que : « mon père et ma mère ne se sont jamais mariés. Ma mère était mariée avec un autre homme dans un foyer quand elle est tombée enceinte. C’est alors qu’elle était mariée avec un autre policier qu’elle a eu des contacts avec mon père et je suis née. C’est une maman qui ne m’a jamais aimée », révèle-t-elle.
C’est pourquoi, elle souhait l’implication des autorités judiciaires la restitution de ses enfants, dénonçant par la suite la corruption qui gangrène l’appareil judiciaire. « Ce qui me fait plus mal, quand tu n’as pas d’argent, on ne t’écoute. On ne m’a jamais écouté, pourtant c’est moi qui a porté plainte. J’appelle le ministre de la justice à s’impliquer dans ce dossier », a-t-elle lancé.
Mohamed Cissé pour avenirguinee.org
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