Après un renvoi d’une semaine, l’affaire du vol d’un coffre-fort contenant 1 460 880 euros et 1 360 000 dollars s’est poursuivie ce mardi, 16 mai 2023 devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Pour l’audience de ce jour, il a été question comme indiqué, de passer à la phase des plaidoiries et des réquisitions.
D’entrée, la partie civile a été la première à prendre la parole pour remonter l’historique de cette affaire
qui porte sur le vol et abus de confiance dont sont accusés Dame Fanta Kamano et son fils Tamba Soye Kamano. A en croire Me Moussa Diallo, un des avocats du Groupement ECC-Guinee, constitué partie civile dans cette affaire, les faits reprochés aux prévenus sont clairs. Ce qui l’emmène à dire que Dame Fanta Kamano, tente le tout pour le tout de couvrir son fils qui, selon lui, est son complice. Convaincu de la « culpabilité » des personnes poursuivies, Me Diallo a demandé qu’on les condamne solidairement au paiement d’une somme de 1 millions 360 000 dollars et 733 000 euros et cinq milliards de francs guinéens à titre de dommage et intérêt.
Une position assez renforcée par le ministère public, qui a aussitôt pris les gants contre Dame Fanta Kamano et son fils. Pour le procureur Aly Touré, » la disparition du coffre-fort a été savamment montée par Dame Fanta et son fils. C’est une évidence. Elle avait l’obligation de surveillance de la chose, l’obligation de conservation et l’obligation de restituer la chose dans l’état lequel cette chose a été déposée. Si cela n’est pas fait, ça s’appelle abus de confiance. Le coffre-fort a été retrouvé monsieur le président mais pas dans l’état dans lequel il a été déposé. Par la complicité de son fils, elle (Fanta Kamano ndlr) a privé Édouard Koundouno de ses biens. C’est de la méchanceté. Si vous n’avez pas pitié, il faut avoir peur de Dieu. Dès que le féticheur a dit que votre fils est en danger, vous avez sorti l’argent. Elle (Dame Fanta Kamano ndlr) dit à la barre ici, qu’elle n’a jamais dit à Édouard Koundouno de venir garder le coffre-fort chez elle. Chose qui est fausse. Monsieur le président, il n’y a pas de doute possible que le coffre-fort ait été déposé au domicile de Dame Fanta Kamano et qu’elle était la dépositaire », a indiqué le représentant du ministère public avant d’enfoncer le clou.
« Elle a donné trois millions au féticheur alors qu’elle dit n’avoir rien à voir dedans. C’est moi (le procureur ndlr) que vous avez envoyé chez le féticheur qui est devant vous. Si vous voulez, réunissez 19 féticheurs ou 79 féticheurs comme c’est le nombre impair qui compte chez eux, ça ne nous atteindra pas. C’est Dieu qui est fort, pas les êtres humains. La preuve est que vous êtes là en train d’être jugée », a martelé Aly Touré, qui requiert malgré beaucoup de reproches par rapport à la décision rendue en première instance:
« Pour la répression, qu’il vous plaise de condamner Tamba Soye Kamano à cinq ans d’emprisonnement et décerner un mandat d’arrêt contre lui à l’audience. Quant à Dame Fanta Kamano, de la condamner à quatre ans d’emprisonnement et les deux cumulativement à une amende de cinq millions de francs guinéens. Subsidiairement, de prononcer la saisie immobilière de l’immeuble qu’elle a acquis à Lambanyi, qui a été tant demandé par le premier juge et qui, de façon délibérée, a écarté cette demande. En ce qui concerne les intérêts de la victime monsieur le président, je me dois de dire un mot. Parce que, il (Édouard Koundouno ndlr) a souffert. L’argent ne lui appartient pas. Il est le représentant d’un Groupement. Vous avez entendu ce qu’il a dit à la barre ici. Il a dit à Tamba Soye : « L’argent là, c’est pas pour moi. Viens, je vais te faire un chèque de 100 millions gnf. Viens je te donne ça, pour moi. Mais l’argent que tu as pris ne m’appartient pas. Malheureusement, il ne savait pas ce dans quoi il se trouvait. Il pataugeait dans l’obscurité », a-t-il dit.
Comme il fallait s’y attendre, la défense s’est tout de suite attaquée à la réquisition du représentant du ministère public qui, selon elle, est loin d’être objectif dans sa décision. Me Sidiki Bérété, un des avocats de la défense, a d’ailleurs demandé à la Cour de confirmer la décision rendue par le tribunal de première instance de Mafanco.
Au terme des plaidoiries et des réquisitions à 20 heures, l’affaire a été mise en délibéré pour décision être rendue le 30 mai prochain.
Abdoul Karim Touré pour avenirguinee.org
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