Ce samedi 28 septembre marque les 66 ans du référendum du 28 septembre 1958, date marquante où le peuple guinéen a dit « non » à l’offre de la Communauté proposée par le général de Gaulle, préférant l’indépendance totale. Ce vote historique a ouvert la voie à l’émancipation de la Guinée sous le leadership d’Ahmed Sékou Touré et a impulsé un mouvement de libération à travers tout le continent africain.
En marge de cette date symbolique, notre rédaction a rencontré El Hadj Madifing Diané, ancien ministre de la Sécurité et acteur politique influent, pour recueillir ses souvenirs et son regard sur cette période qui a marqué à jamais l’histoire de la Guinée et de l’Afrique. Visiblement ému, il a commencé par rendre hommage aux compagnons de Sékou Touré qui ont, selon lui, constitué des piliers essentiels de cette indépendance.
« Avant de dire quoi que ce soit, mes pensées vont aux compagnons de l’indépendance. Je prendrai pour symboles le Président Ahmed Sékou Touré lui-même, le frère Saifoulaye Diallo, le frère Lansana Béavogui et la sœur Mafory Bangoura. Ces quatre figures représentent la Guinée, car chacune d’elles a joué un rôle décisif dans ce processus. De plus, elles couvrent les quatre régions naturelles du pays, symbolisant ainsi l’unité nationale », a rappelé El Hadj Madifing Diané.
Pour l’ancien ministre, cette date du 28 septembre ne se limite pas aux frontières guinéennes. Elle a été un tournant pour tout le continent africain. « Ce jour appartient à toute l’Afrique au sud du Sahara, qu’elle ait été sous domination française, anglaise, portugaise ou espagnole. Ce « non » catégorique de la Guinée a ouvert la voie à l’indépendance de l’ensemble des territoires africains. Les colonisateurs n’avaient alors plus le choix que de libérer les autres pays, car la Guinée était devenue un symbole majeur de la lutte pour l’indépendance », a-t-il expliqué.
La Guinée, contrairement à d’autres nations qui ont accédé à l’indépendance par la force des armes, a choisi la voie de la parole et de la conviction, selon El Hadj Madifing Diané. « La parole a été plus forte que les armes. Ce vote courageux a forcé les puissances coloniales à reconsidérer leur position et à concéder l’indépendance à plusieurs autres pays africains dès 1960. Ce fut un exemple de souveraineté arrachée par la diplomatie et la fermeté des convictions », a-t-il ajouté.
Selon Madifing Diané, le rejet de la proposition du général de Gaulle par la Guinée a eu un impact considérable sur la France, qui venait de sortir affaiblie de la Seconde Guerre mondiale. « Le vote du 28 septembre 1958 a coupé la France de ses espoirs de se relever. Ce refus massif a précipité l’indépendance de la Guinée, proclamée cinq jours plus tard, le 2 octobre. Il a également obligé la France à se désengager de ses autres colonies », a-t-il souligné.
Il a également tenu à rappeler que ce référendum n’était pas une simple consultation populaire, mais un véritable piège tendu par la France pour conserver une mainmise sur ses colonies sous une nouvelle forme. « Cette proposition, faite aux colonies africaines, avait pour but de les lier à la Communauté française. Mais la Guinée a eu le courage de la rejeter massivement, devenant ainsi le premier territoire africain à oser briser les chaînes de la colonisation française », a-t-il déclaré.
Pour El Hadj Madifing Diané, cette journée doit être célébrée non seulement par les Guinéens, mais par tous les Africains conscients de l’histoire de la lutte pour l’indépendance. « Tout Guinéen et tout Africain doit être fier de cette date glorieuse du 28 septembre 1958. C’est une date qui a marqué le début de la fin de la domination coloniale sur notre continent. C’est en Guinée, et seulement en Guinée, que cette proposition du général de Gaulle a été rejetée massivement », a-t-il insisté.
Il a conclu en réaffirmant l’importance de cette date pour la mémoire collective africaine : « Le 28 septembre doit être perçu par l’ensemble des Africains comme le jour où un petit pays, la Guinée, a réveillé la conscience de tout un continent et a inspiré les luttes pour la liberté et la dignité des peuples opprimés. »
Ibrahima Sory Camara pour avenirguinee.org
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