Accusé d’avoir planifié puis ordonner les tueries au stade du 28 septembre lors d’un rassemblement politique contre sa candidature, le capitaine Moussa Dadis Camara, pour ne pas tomber seul, a chargé son ministre de la défense nationale, le Gl Sékouba Konaté. Devant les juges, les procureurs, les avocats de la partie civile et ceux de la défense, l’accusé Moussa Dadis a laissé entendre que c’est le 28 septembre, jour de ladite manifestation, que Konaté a bougé de Conakry pour l’intérieur du pays. A travers cette déclaration, l’ex chef du CNDD voulait amener le tribunal à penser que son adjoint a quitté la capitale dans le but de s’éloigner de ces évènements qui ont été soldés par les morts, des cas de viol, des blessés et des disparus.
Un témoignage qui contredit Dadis.
Faisant partie de la délégation qui s’est rendue à l’intérieur du pays, l’ex ministre Alhoussein Makanéra Kaké a témoigné ce jeudi chez nos confrères de FIM FM, dans l’émission MIRADOR.
Contrairement aux propos du capitaine Dadis, il a déclaré que quand : » le capitaine Dadis dit: » le 28 septembre, Sékouba est parti à Macenta », tous ceux qui sont venus après, même les avocats qui défendent Toumba, tout le monde dit » Sékouba était à Macenta »…, alors qu’au fond, il n’était pas à Macenta… ».
Le Général Konaté a-t-il quitté Conakry dans la matinée du 28 septembre, Makanéra de répondre : » du 26, 27, 28 j’étais avec Sékouba. On était ensemble à Labé, on devait préalablement passer la nuit à Mamou. Nous, on était déjà logé dans la famille du gouverneur de la banque centrale d’alors. Parce que nous avons laissé derrière le président Dadis qui avait un problème de carburant. On nous a appelé pour nous dire que le président était rentré, c’était la nuit du 26 au 27 septembre. Nous sommes arrivés ici vers 4h, j’ai passé la nuit au camp Alpha Yaya Diallo ce jour », a-t-il témoigné, ajoutant que : « le lendemain, il était prévu une visite du président du Dadis à Guéckédou parce qu’il y a eu des inondations, il fallait aller les soutenir. Le 27 septembre, j’étais dans la délégation.
On a pris le départ à la base militaire de Yimbaya. Nous sommes restés dans les environs de 14h, Jean marie Doré est venu, il a parlé. Puisqu’il ne parlait pas directement à moi, mais selon ce que j’ai compris, il disait que la manifestation n’aura pas lieu le 28. Donc, la délégation qui était partie avait à l’idée qu’il n’y aura pas de manifestation le 28 septembre… », a-t-il poursuivi.
Contredisant Dadis, il dira que : « le 27 septembre, on est arrivé dans l’après-midi à Guéckédou. Dadis était attendu, mais, il s’est fait remplacer par Sékouba. Dans notre délégation, il y avait le Général Sékouba, le GL Korka, Papa Koly et Moi-même… ».
En répondant à une question d’un journaliste sur la déclaration de Dadis qui a indiqué aux juges qu’il n’était pas informé du déplacement de son ministre de la défense, Makanéra, sans prendre position, a avoué ne pas comprendre si trois ministres peuvent se déplacer dans un hélicoptère officiel et être reçus dans les camps, sans que le président ne soit informé.
A l’en croire, après avoir été informé de la survenue des violences au stade du 28 septembre, le chef de la délégation (Gl Konaté) a décidé de mettre fin à la mission pour rentrer à Conakry.
« Après avoir passé la nuit, on a quitté à 9h le 28 septembre. On arrive à N’Zérékoré avant midi. C’est quand ils étaient dans la cour et moi j’étais dehors, j’ai reçu les coups de fil pour dire qu’ils se passent des choses très graves à Conakry. J’ai informé Papa Koly Kourouma qui a informé le Gl Konaté. Notre mission ne devrait pas s’arrêter à N’Zérékoré, on devait continuer la mission. Quand il a informé Sékouba, il a été décidé de se retourner… », a-t-il témoigné.
Par ailleurs, selon un proche du chef de la transition de 2010, Konaté, dès son retour de cette mission, a demandé au capitaine Dadis d’ordonner l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités dans cette affaire.
Mohamed Cissé pour avenirguinee.org